Origine légendaire de la christianisation
de l’Alsace
Une ancienne tradition défendue par certains théologiens
dont Saint Pierre-Canisius, affirme que Materne était le fils
ressuscité par Jésus, de la veuve de Naïm (Luc
7,11-17).
Ayant suivi Saint Pierre dans sa mission
d’évangélisation, celui-ci l'envoya porter la bonne
parole dans les régions du nord. Ce dernier s'exécuta et
choisit, pour l'accompagner, deux disciples: Valère et Euchaire.
Arrivé en Alsace à Ehl (Ellelum), une petite ville de
garnison romaine, Materne, voyant partout des autels païens rentre
dans un colère effroyable. Il renverse une colonne romaine et se
lance dans la construction d'une église. Puis il se rend
à Strasbourg (Argentoratum). Là, confronté
à une population insensible à la "Divine Parole" le
pauvre Materne doit quitter la ville et il décide de retourner
à Ehl. Son dépit est tel qu'il y meure quelques jours
à peine après son arrivée.
Catastrophés, Valère et Euchaire se précipitent
à Rome auprès de Saint-Pierre et lui content le drame.
"Qu'à cela ne tienne, prenez mon bâton, repartez à
Ehl et vous verrez !". Muni du bâton de Saint-Pierre, les deux
hommes repartent en Alsace, perplexes. De retour à Ehl, une
surprise les attend. Devant eux, droit comme la Croix, Materne est
là qui les attend, à nouveau prêt pour sa mission
d’évangélisation. Il avait été
ressuscité par le seigneur après avoir reposé
pendant 40 jours dans son tombeau. Après ce miracle, les
païens se convertirent en grand nombre. A Strasbourg, Materne
parvient finalement à fonder la première église
catholique de la ville qui, d'après la légende, serait
l'actuelle église Saint-Pierre-le-vieux.
Tous trois arpentèrent l'Alsace, évangélisant la
population et construisant des lieux de cultes. Nous connaissons celui
d’Ellelum ainsi qu’un petit sanctuaire près d’Avolsheim
appelé le Dompeter (Domus-Petri ou Maison de Saint Pierre).
Cette église vénérable est ombragée par un
très ancien tilleul sous lequel, la tradition veut que
l'évêque Materne y ait prêché et ait
été arrosé par l'eau de la source Sainte
Pétronille, portant le nom de la fille de Saint Pierre. Cette
église a servi pendant tout le Moyen Age
d'église-mère pour toutes les localités
environnantes. Certains voient dans le baptistère situé
à un peu moins d'un kilomètre de là, un indice que
le Dompeter était peut-être une église
épiscopale pour le siège apostolique qu’aurait
fondé Materne en Alsace.
Après avoir évangélisé l’Alsace les trois
disciples se rendirent à Trèves où les païen
se convertirent en si grand nombre qu’ils fondirent le premier
évêché de la ville dont Euchère fut le
premier évêque. Sous sa direction s’accomplirent de
nombreux miracles. Après 25 ans, un ange lui apparut et lui
révéla qu’il allait mourir bientôt. Il lui
désigna alors Valère comme successeur. Celui dirigea
l’évêché pendant 15 ans avant que Materne lui
succède à son tour. Entre temps Materne avait
fondé les évêchés de Cologne et de Tongres
et au total il fut évêque pendant 40 ans. La tradition
veut que le bâton de Saint-Pierre qui avait ressuscité
Materne, fut conservé à Cologne jusqu’au Xe
siècle, lorsque sa partie supérieure fut
déposée à Trèves et emmené
ultérieurement à Prague par l’empereur Charles
IV(1355-1378).
Vestiges historiques et archéologiques
Il est généralement admis par les historiens
que le nord de la Gaule fut évangélisé dans la
seconde moitié du IIIe siècle par l’importante voie
romaine allant de Lyon la capitale des Gaules à Trèves en
passant par Metz. Ainsi Saint-Clément aurait été
le premier évêque de Metz vers 270, et c’est probablement
vers la même période que les premiers missionnaires
chrétiens arrivèrent à Trèves. Ainsi il est
peut vraisemblable que l’évêché de Trèves
soit antérieur à la fin du IIIe siècle. Il est
possible que Euchère et Valère en furent les premiers
évêques mais il n’existe aucune preuve historique en ce
sens.
A côté de ce courant principal, l’Alsace
représentait clairement un détour, une province
frontière militaire touchée tardivement par les nouvelles
idées venues du sud. Les premiers évangélisateurs
prêchaient en général dans les grands centres
urbains, et s’il est possible qu’une influence chrétienne exista
à Strasbourg dès la fin du IIIe siècle (Le saccage
du sanctuaire mithriaque de Koenigshoffen dans la seconde moitié
du IIIe siècle a été attribué aux jeunes
communautés chrétiennes ; le relief et les sculptures ont
été brisées en menus morceaux et le sanctuaire
rendu définitivement impur par l’inhumation d’un cadavre dans le
périmètre sacré), les historiens s’accordent en
général pour considérer que la
pénétration de la Christianisation en Alsace ne
débuta vraiment qu’à partir du début du IVe
siècle.
Cette période est marquée par un événement
important, à savoir la conversion au christianisme de l’empereur
romain Constantin en 325 qui accéléra fort probablement
la propagation des idées chrétiennes. Ainsi a
été découvert récemment à Ehl une
statue de Mercure indigène décapitée et
accompagnée de plusieurs monnaies constantiniennes (Constantin
fut empereur de 306 à 337). Ce témoignage de destruction
des idoles au début du IVe siècle coïncide
étrangement avec la légende qui fait d’Ehl le lieu
où se réfugia Saint-Materne après avoir
été chassé de Strasbourg par les païens.
Il se trouve justement que le nom de Materne soit historiquement
associé au règne de Constantin. Dans son histoire
ecclésiastique, Eusébius nous dit que :"Materne, le
savant évêque de Cologne, prit une part active au concile
de Rome en 313 et à celui d'Arles l'année suivante"
(Eusebius hist. eccl. X, 5, 18f. GCS 9, 2, 887f). Le concile de 313 fut
convoqué par l’Empereur Constantin en rapport à
l’hérésie donatiste. Le pape Miltiade,
l’évêque d’Arles et celui d’Autun assistèrent
également à ce tribunal où Constantin fit du
christianisme la seule religion de l’empire. On dit de Materne qu’il
avait la confiance de l'empereur Constantin et peut-être que ce
dernier l’aurait envoyé diriger les églises de Germanie.
Ainsi Materne est présumé avoir été aussi
l’évêque de Trèves et de Tongres. Saint-Materne
serait mort à Trèves vers 325-328 et au plus tard en 344.
En ce qui concerne l’origine du christianisme à Strasbourg, les
archéologues pensent que Saint-Pierre-le-Vieux n’est pas la plus
ancienne église de Strasbourg car Sainte-Marguerite et
Saint-Thomas seraient en effet de construction plus ancienne.
Saint-Pierre-le-Vieux ne peut donc être l’église
originelle fondée par Materne. Par contre il existe sous
l’église Saint-Pierre le Jeune une crypte,
considérée par une autre tradition comme la plus ancienne
église de Strasbourg. Il s’agit en fait d’un caveau
funéraire romain du IIIe siècle voisin de la route. Il
est possible que cette hypogée ait servi d’asile aux
Chrétiens pourchassés lors des persécutions du IVe
siècle. On a également trouvé dans le
cimetière romain de Koenigshoffen un verre chrétien du
IVe siècle en cristal gravé portant la
représentation du sacrifice d’Abraham et de Moïse faisant
jaillir la source du désert.
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Sources:
Divers sites internet dont:
Frère Raphaël Steck - Mission gallicane en Alsace
http://www.gallican.org/alsace.htm
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Saint
Materne, icône familliale, Philippeville, Belgique
l'église du Dompeter (XIe siècle) marque peut-être
l'endroit de la première paroisse établie dans la
campagne alsacienne au IVe siècle.
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