Les sires de Berstett



Le village de Berstett a donné le nom à une famille noble de la Basse-Alsace, qui existe encore au XVIIIe siècle et qui possèdent alors la seigneurie presque entière. Les seigneurs de Berstett, qui font partie de la noblesse immédiate d'Empire (Reichsritter), deviennent maîtres de Bestett et d’Olwisheim à l'extinction des Marx d'Eckwersheim en 1596. L'glise du évillage contient plusieurs épitaphes des Sires de Berstett, notamment celle d' Adam von Berstett (1541 1609), fils d' Adam von Berstett (1497-1572).

 

Origine 

D'après une tradition la famille de Berstett aurait une origine commune avec celle des Lichtenberg.

Une charte, par laquelle Berthe, supérieure du monastère de Sindelsberg, échange quelques-uns de ses biens avec l'abbaye de Maurmoutier, donnée vers l'an 1123, [Als. di.pl., tom. 1, pag. 196], rappelle entre les témoins Widonem de Berstedden.

Conrad, évêque de Strasbourg, confirma , en 1190 , une transaction passée entre le chapitre de Honau et Garsilium militem de Berstett, au sujet de quelques difficultés élevées de quibusdam decimis apud Nifern et Bersetten, par laquelle le dit Garsile de Berstett céda ses droits sur les dites dîmes , moyennant sept talents qui lui furent donnés par le chapitre. Ce Garsilius paraît avoir été le père ou le grand-père de Pierre de Berstett, dont on a la généalogie poussée jusqu'au XVIIIe siècle.

La famille noble des Berstett comptera dans ses rangs plusieurs Stettmeister (échevin) de Strasbourg.

 

Premières générations

Widdo Von Bersdedden [1123]

Garsile von Berstett [1190]

Wolf von Berstett [1220]

Peter von Berstett [1260-63]

Peter von Berstett [ca1285]        Anne Von WASSLENHEIM

Wirich von Berstett [ca1310]       Marie FULL von GEISPOLSHEIM-GEISPITZHEIM

Anna Von BERSTETT †ca 1373     Riembold VON KAGENECK ca 1348-1381



Mentions

1261-62 - Pierre de Berstett s'est battu aux côtés de l'évêque de Strasbourg. Il fut fait prisonnier et emmené en captivité jusqu'au paiement d'une bonne rançon. L'un des garants Rudolf von Berstett était probablement de sa famille:

1263 - Walther von Berwarstein, Johannes von Epfig, Werner von Hochfelden, Dietrich von Bilwisheim, Anselm von Ichtratzheim, Rudolf von Berstett und Erbo von Bilwisheim verbürgen sich den, Bürgern Straßburgs um 100 Mark Silber für die Freilassung Peters von Berstett bis Michaeli. 1263 August 28

[Urkunden und Akten der Stadt Strassburg]

1264 - Peter von Berstett verbürgt sich den Bürgern Straßburgs für den Zurner. 1264 December 20.

[Urkunden und Akten der Stadt Strassburg]

 

En 1369 première mention du Château de Berstett localisé par une "place du château" non loin de l'église et un lieu dit "Schlossgarten". A cette date, Ellenkindis, fille d'Ulrich de Berstett, cède sa part à son frère Hugelin pour vingt neuf livres.

En 1409 a lieu le partage du château et du fief entre les chevaliers Marx d'Eckwersheim d'une part, et Hugues de Kienheim, tuteur de Hugelin, fils de Wirich de Berstett, d'autre part.

 

1463 – Wirich von Berstett appréhende un valet de Richard von Hohenburg, Ludwig Fisher qui avoue sous la torture une relation avec son maitre von Hohenburg. Ce dernier perdit ses fiefs au profit de l’évêque de Strasbourg.

[“Rechtsverständnis und Konfliktbewältigung”  Stefan Esders]

Wiricli (Wirich) de Berstett, bailli à la Wantzenau, vivait en 1460; il laissa quatre fils : Garsilius, Hugues, Georges et Michel. Garsilius fut vicaire à la Cathédrale de Strasbourg, chanoine à Bâle 1492, admis au poêle de la Haute-Montée , lieu de réunion  des Zom, 1498. Son épitaphe se trouvait à Surbourg:

Anno 1519 obiit venerabilis et nobilis vir Dominus Marsilius Berstetter, Ecclesiae hujus canonicus et Scholaster, cujus anima requiescat cum fidelibus in sempiterna pace. (Voy. Hertzog, 1. III, p62)

[« Heidelberg et Strasbourg:  Recherches biographiques et littéraires » par Paul Ristelhuber]

 

Vers 1500 - monument funéraire de Wirich IV et Catherine von Berstett
 

Adam de Berstett, par son testament de 1536, rendit majorat, le château de Berstett avec  les appartenances allodiales qui en dépendaient. Un memoire explicatif attaché au testament (et complété en 1544) concerne le château de Berstett et son entretien.

 

D’après Grandidier c’est vers 1530 que le luthéranisme fut établi dans le village  par Adam de Berstett, mort en 1572 mais on admet en général que la réforme n’y fut formalisée qu’en 1572 par Jean-Jacques Marx d'Eckwersheim qui possédait alors la moitié du village en fief.

A cette date, la paroisse d’Olwisheim (luthérienne depuis 7 ans) devient annexe de Berstett. Cet évènement est concrétisé sur le clocher de l'église d’Olwisheim: sous la baie supérieure Nord, un panneau en grès, très abimé, est encastré dans le mur; il porte l'inscription Herr Philipp Reinhardt von Berstett unt Herr Welm Jacob von Berstett beyde Brude.

 

En 1602, la famille de Berstett reçoit la moitié du village de Berstett en fief ainsi qu’Olwisheim. Cette emprise sur le village ne cessera de croitre durant les deux siècles suivants.

En 1638 le château de Berstett est pillé et ruiné par un régiment de Croates.

En 1651, les Sires de Berstett se constituent en corps de la noblesse de la Basse-Alsace et sont reconnus par l'empereur en 1652. Leurs terres et privilèges sont immatriculés à la Chambre impériale de Spire.

En 1681, les Berstett se soumettent au roi de France Louis XIV.

 

Hugues-Wirich de Berstett, né en 1603, chef de famille décédé sans postérité en 1657, fut grand-maître de la Cour d'Evrard III, duc de Wurtenberg. Sa belle-sœur, Marie-Charité de Berstett, veuve, née noble dame de Rathsamhausen, et les deux fils de cette dame, Jacques-Adam de Berstett, gentilhomme du corps de la noblesse de Basse-Alsace, major au régiment de la milice de la dite province, et Philippe-Jacques de Berstett, capitaine au régiment de milice de Basse-Alsace, firent enregistrer leur blason à l'Armorial général de 1696. Le second de ces deux frères continua la descendance.

[« Dictionnaire des familles françaises anciennes », Gustave Chaix d'Est-Ange]


1670 – Intercession du comte palatin de Veldentz et du duc Eberhard de Wurtemberg en faveur de Hugues-Ulrich de Berstett détenu pour avoir séduit une fille noble.

En 1742, Jacques Adam de Berstett, major du régiment de Bernhold, reconstruit sa résidence au même emplacement que l’ancien château, et renouvelle le majorat.  Il meurt le 19 mai I748. [Granddidier]

En 1773, Son fils Philippe René reçut de Louis XV le titre de baron pour ses éminents services rendus au royaume de France.

Lors de la révolution, la famille dut traverser le Rhin pour s’installer sur ses terres à Offenburg.  Le château fut détruit le 4 janvier 1795 ; l'arbre de la liberté avait été plante devant le château le 25 juin 1792.

Louis von Berstett devint conseiller à la cour du Grand’duc de Bade puis ministre des affaires étrangères jusqu’en 1831.

Le dernier baron von Berstett, Otto Tancrède Ferdinand, né en 1832, lui aussi conseiller du Grand’duc de Bade, est décédé à Baden-Baden le 7 avril 1893. Il fut le dernier descendant mâle d’une des rares familles nobles originaires du Kochersberg.


Historique du fief de Berstett

Berstett faisait autrefois partie des quinze villages du comté particulier, dont la seigneurie et les revenus se trouvaient, en 1236 et 1243, également partagés entre l'empire et l'évêché de Strasbourg ; [Schœpflinus , Alsat. illust., tom. 2, pag. 193.]

Berthold, évêque de Strasbourg, dans ses lettres de 1243, compte Berstete dans le nombre des ville ad comitiam pertinentes ; [Wencker, de Ussburgeris , pag. 6.]

Le registre des revenus de l'évêché, écrit après le commencement du XIVe siècle , sous l'empereur Louis V de Bavière et l'évêque Berthold II de Bucheck, compte nommément Berstette dans les villages comitatus, quae vulgariter dicuntur Graveschaft, in quibus imperium et episcopatus omnia habent communia.

Dès l'an 1336, la moitié épiscopale de cet endroit était conférée en fief à Werlin d'Utenheim : Werlinus de Utenheim habet in feodo medietatem ville Berstett, dit le registre féodal, rédigé sous le même évêque Berthold.

Les Utenheim furent remplacés dans ce fief par les Marx d'Eckversheim , et nous trouvons, dès l'an 1441, Adolphe-Marx d'Eckwersheim, investi par l'évêque Robert, au même titre que les évêques, ses prédécesseurs, en avaient investi les défunts Jean et Nicolas Marx , ses frères.

Jean-Jacques Marx d'Eckwersheim , qui reprit l’héritage en 1571, ne laissa qu'un enfant, nommé Meinlach Marx, qui fut enlevé de la peste, en 1596, lorsqu'il allait, à son retour d'Italie , se marier à Madeleine de Seebach.

Le fief devint précisément vacant dans le temps que le cardinal Charles de Lorraine et le margrave de Brandebourg , se disputaient l'évêché de Strasbourg.

La paix avant été faite et le cardinal de Lorraine étant devenu possesseur tranquille de l'évêché, il conféra, en 1602, le fief vacant des Marx, qui consistait dans la moitié des villages de Berstett, d'Olvisheim et de Nifferen, à Adam de Berstett et à ses deux neveux, Joachim et Jean-Ernest, fils d'Ernest, son frère. C'est par Joachim de Berstett que la famille de ce nom est encore possesseur de ce fief au XVIIIe siècle.

 

Au XVIIIe siècle, le village appartient à M. de Berstett, qui y a un château  et qui en est seigneur pour trois quarts, et aux héritiers de la famille de Dettlingen, qui ont l'autre quart : encore M. de Berstett a acheté , en 1781 et 1782 , plus de la moitié de ce quart, ce qui fait qu'il est seigneur de cet endroit pour plus de 10/12es. Le quart des Dettlingen est allodial et leur parvint des Marx d'Eckwersheim, par un mariage de Jean-Philippe de Dettlingen, mort en 1679. Un autre quart, possédé par M. de Berstett, est également allodial, mais annexé comme majorat à l'aîné de la famille. Les deux autres quarts, qui forment la moitié de la seigneurie, sont un fief masculin de l'évêché de Strasbourg. [Grandidier]

 

Eglise

Berstett était autrefois une cure-rectorat, dont le chapitre de Saint-Pierre-le-Vieux de Strasbourg était collateur aux droits de l'ancienne abbaye de Honau et dont les revenus furent unis à ce chapitre, le 15 janvier 1405, par lettres de l'évêque Guillaume. Il y avait aussi un primissariat, aujourd'hui éteint. C'est le même chapitre de Saint-Pierre-le-Vieux qui est au XVIIIe siècle décimateur du ban et qui nomme le curé ou ministre luthérien résidant dans Berstett [Grandidier]

 

 

 

 



Chateau de Berstett

Porte de l'ancien château de Berstett dernier vestige de l'édifice