Naissance de la dynastie de Lichtenberg
(1196-1209)


Les rapports de Frédéric Barberousse avec l’Alsace et sa noblesse avaient été excellents, mais son fils Othon, frère de l’empereur Henri VI, devenu comte de Bourgogne puis comte palatin, agit brutalement contre la puissance des féodaux. Allié à son frère Philippe qui voulait se venger de l’attitude hostile des comtes d’Alsace, Othon fit tuer en 1195 le comte Anselme de Montbéliard et deux ans plus tard le comte Ulric de Ferrette. En 1196 il se porte devant le château de Hunebourg (construit vers 1120 par Volmar de Metz-Lunéville) pour l’assiégier. Il était défendu par Eberhard de Hunebourg avoué de l’abbaye de Neuwiller. Au cours du combat Eberhard est tué et la forteresse détruite. (Le frère d’Eberhard Othon meurt aussi en 1196, peut-être pendant le même assaut). Les frères Henri et Louis, petits-neuveux des Hunebourg récupèrent alors une partie de l’héritage. Ils se feront appelés « de Hunebourg ». Henri, l’aîné héritera de la charge d’avoué de l’abbaye de Neuwiller qu’il passera à son frère Louis puis à son fils Anselme.

Conrad de Hunebourg, évêque de Strasbourg et seul survivant des quatre frères de Hunebourg bascule alors son alliance du côté de Albert II de Dabo, comte de Metz, et adversaire du parti impérial par tradition familiale. Or Hunebourg est fief impérial. On peut donc penser que Conrad de Hunebourg et Albert de Dabo choisirent pour sceller leur alliance de construire un château en territoire libre dont ils pourraient être les suzerains. Ce serait là la naissance du château de Lichtenberg.

D’après la légende le premier sire de Lichtenberg qui venait de Lorraine pour s’installer en Alsace comme vassal des évêques de Metz (et qui serait donc Albert II de Dabo) était à la recherche d’un emplacement pour y construire son château fort. Un berger lui montra une belle montagne hérissée d’un grand rocher de grès illuminé par le soleil. Il lui apprit aussi qu’y coulait une source abondante et fraîche qui en faisait un site idéal. Le seigneur choisit aussitôt ce site où il construisit le château de Lichtenberg (Lichtenberg signifie d’ailleurs la montagne ensoleillée. La source quant à elle existe toujours et étonne les touristes par son débit constant).

Albert de Dabo se fera appeler Albert de Lichtenberg en 1197 ce qui suggère que la construction du château était déjà avancée à cette époque et qu’Albert pouvait y résider. Etant donné la taille du patrimoine du comte de Metz, il peu probable qu’Albert résidait à Lichtenberg de manière permanente. Comme nous le verrons par la suite, Lichtenberg semble avoir toujours été partagé entre deux partis et il est donc raisonnable de penser qu’il fut conçu ainsi dès le départ. Dans ce cas le cofinancier et copropriétaire original était probablement l’évêque de Strasbourg Conrad de Hunebourg, comme nous l’avons envisagé plus haut. Comme Albert, Conrad fut probablement un résident occasionel du château. Celui-ci mourut en 1202 et peu après un certain Rodolphe, membre du grand chapitre de la cathédrale de Strasbourg dont il deviendra plus tard l’archidiacre, s’installe au château. Connu dès 1202 par son prénom, Il se fera appeler Rodolphe de Lichtenberg dès 1206. Le prénom de Rodolphe n’est pas coutumier dans les familles de Dabo, de Hunebourg et de Lichtenberg, et l’archidiacre était sans doute un frère cadet, ou étranger à ces familles. Il est probable que ce fut grâce à ses relations avec l’évêque défunt qu’il résida dans le nouveau château. Rodolphe est mentionné pour la dernière fois en 1209 et il mourut sans doute peu après.

1209 est aussi la date où Anselme fils de Henri de Hunebourg est mentionné pour la dernière fois, en tant qu’avoué de l’abbaye de Neuwiller. A sa mort, cette charge passe à ses deux cousins, les fils de Louis de Hunebourg, Henri et Louis, qui ne se font plus appeler « de Hunebourg » mais « de Lichtenberg ». Ceux-ci sont donc les premiers de leur lignée à s’être installé au château de manière permanente. Leur famille ne le quittera plus. Une nouvelle dynastie est née.

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Sources:
“Le comté de Hanau-Lichtenberg 1480-1980”
“Splendeurs et Misères des Châteaux d’Alsace” Guy Trendel p44.
“Chateau Fort d'Alsace no2 - Lichtenberg” 1997


Armes de Lichtenberg (XIIIe siècle –1480)
Ecu d'argent à la bordure de gueules, au lion noir rampant, timbré d'un casque de trois-quarts assorti de ses lambrequins, surmonté d'un cimier à col de cygne.

Il est généralement admis que le lion tire son origine du blason des Dabo et le cygne de celui des Hunebourg, les deux familles fondatrices de la dynastie de Lichtenberg.