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HOHATZENHEIM DANS LA TOURMENTE

(1938-1946)

A TRAVERS L'HISTOIRE INSOLITE DE SON INSTITUTEUR MARIUS MEYER





En 1938, Marius Meyer originaire de Schaeffersheim est nommé instituteur dans un petit village du Kochersberg : Hohatzenheim. Marie-Louise Birg, sa fiancée et future femme, se souvient encore de son sentiment à l’annonce de cette nomination : « Mais où se trouve donc ce trou perdu ? ». Le couple n’entend alors rester que quelques années dans ce village. Marius se souvient de son arrivée de nuit, la veille du premier jour de classe alors que les villageois étaient persuadés qu’ils n’auraient pas d’instituteur pour la rentrée. Cette période coïncide avec une crise franco-allemande importante. A l’occasion de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne, les alliés mobilisent. A Hohatzenheim sont d’abord mobilisés Antoine Muller, Eugène Kuhn, Antoine Zahn, Eugène Jost, Alphonse Goetz, Eugène Moebs et Alphonse Moebs. Ils sont renvoyés dans leurs foyers après la crise mais les classes 1914 à 1917 doivent rester sous les drapeaux (comme Antoine Risch, Joseph Penner, Antoine et François Schneider, Théophile Nonnenmacher, Nicolas et Alphonse Moebs).

Le 1er septembre 1939 l’Allemagne envahit la Pologne. Sentant la guerre imminente, Marius et Marie Louise décident d’avancer la date de leur mariage. Le couple se marie deux jour plus tard, le 3 septembre quelques heures après la déclaration de guerre de la France (9 heures) et de l’Angleterre (11 heures) à l’Allemagne. A Hohatzenheim le premier mobilisé est le frère franciscain Martin Mertz. Des anciens comme Antoine Muller, Eugène Kuhn, Laurent Freund doivent participer pendant une semaine au transport de chevaux vers Epinal et avec Antoine Hoenen ils sont aussi réquisitionnés pour creuser des tranchées. Eugène Jost, est remobilisé, lui aussi. Son unité passe à Nancy prendre des camions puis se replie vers le sud de la France où il sera finalement démobilisé. Du à l’interruption des communications, il ne pourra rentrer que plusieurs mois plus tard. Marius Meyer est appelé sous les drapeaux le 16 septembre 1939 comme sursitaire. Il passe par Orléans, Souppes-sur-loing et Fontainebleau en tant qu’Elève Officier de Réserve (EOR) puis Aspirant. Le souvenir principal qu’il garde de cette période d’instruction militaire, fut la séance d’apprentissage de conduite moto. L’instructeur avait en effet expliqué aux élèves comment démarrer, mais pas comment s’arrêter. Ceux-ci furent donc forcés de tourner en rond jusqu’à épuisement du réservoir. Marius se souvient d’avoir assisté à l’incendie de ses motos neuves au moment de la retraite. Après le 10 mai 1940, il est enseignant à l’Ecole des Enfants de Troupe de Tulle. C’est dans cette ville qu’il verra le Maréchal Pétain de passage, et qu’il entendra l’appel du général de Gaulle. Il est finalement démobilisé en août 1940 vers Périgueux. A cette époque Marius est très peu tenté par un retour en Alsace. Il ne verrait pas d’un mauvais œil un exil temporaire en zone libre, solution choisie par beaucoup d’alsaciens de l’époque (par exemple l’instituteur Schall de Wingersheim). Marie-Louise par contre ne se sent pas la force d’un tel voyage, d’autant plus qu’elle est enceinte. A son souhait d’un retour prompt de son mari au pays, s’ajoute celui du Père franciscain Henri Diehly qui sollicite Marius pour une remise en ordre de la paroisse et de l’école en vue de la rentrée scolaire de 1940. En septembre 1940 Marie-Louise met au monde une petite fille Simone et Marius se décide alors à regagner l’Alsace. Les communications étant toujours interrompues, il trouve le moyen de rentrer grâce à une passeuse qui le reconduit en Alsace. A sa demande, Marius écrira pendant toute une nuit des lettres pour les familles séparées par la ligne de démarcation. Cette passeuse sera finalement prise par les allemands et envoyée au camp du Struthof où elle perdra la vie.


Occupation


En Alsace la vie reprend presque normalement pour Marius et Marie-Louise. Après la naissance de la petite Simone ils se rendent à la mairie pour faire enregistrer le nouveau né. En entendant le prénom choisi par le couple, le nouveau secrétaire de mairie allemand est interloqué : « Zimoôn ?! S’éxclama l’allemand, Das ist ja ein Knabe Name ! Wir haben doch so schöne Mädchen Namen, Inge, Trudel...» Finalement l’allemand accepte un compromis: Simonette. Ce joli nom restera le prénom officiel de Mademoiselle Meyer après la guerre.


En 1941, Marius doit effectuer à Karlsruhe, dans le pays de Bade, le stage en Allemagne obligatoire pour tous les enseignants alsaciens. C’est là qu’il eut sa première grande frayeur. En effet un de ses élèves était comme lui un grand amateur d’athlétisme. Un jour, en arrivant en classe, Marius voit un immense drapeau français déployé sur le bureau. A cette époque une telle provocation est passible de la déportation. Le directeur de l’école apprend la nouvelle et Marius est immédiatement convoqué dans son bureau. Heureusement pour le jeune instituteur alsacien l’élève responsable se manifeste et avec son père innocente Marius en expliquant que le drapeau n’avait été déployé que dans un esprit de fraternité sportive ! Marius s’en tire sans suite. A son retour en Alsace il retrouve l’école primaire de Hohatzenheim et fait des remplacements à Gougenheim, Gingsheim et Mittelhausen.

Le 25 août 1942 un décret du Gauleiter Robert Wagner décide l’incorporation des alsaciens dans l’armée allemande suite à l’annexion de la province au Reich. 130.000 alsaciens et lorrains sont concernés et devront quitter leur foyer pour servir sur tous les fronts. 40.000 d’entre eux périront lors de cette épreuve, et 30.000 reviendront invalides. L’incorporation commence par l’appel de quelques classes au R.A.D (Reicharbeitsdienst), organisation paramilitaire pour les jeunes avant leur transfert dans la Wehrmacht. Ainsi à Hohatzenheim Jacques Reeb est envoyé au Danemark et Antoine Schneider à Weimar. Le recrutement concerne même quelques filles comme Florentine Lang. Pour ceux qui comme Marius Meyer avaient déjà revêtu l’uniforme français, l’incorporation débute en avril 1943. Le gauleiter annonce fièrement cette incorporation comme cadeau d’anniversaire au Führer (20 avril).


Marius part le 16 avril 1943. Les classes 1914 à 1919 furent incorporées le 18 avril. L’incorporation s’étendra peu à peu et en 1944 elle concernera toutes les classes de 1908 à 1926. A Hohatzenheim seront incorporés Antoine Adam (marin sur le cuirassé « Prinz Eugen »), Antoine Kuhn (campagne dans les Balkans) et ses frère Joseph (front de l’est) et André, les frères Eugène et Alphonse Moebs, Marcel Muller (Hollande), Théophile Nonnenmacher, André Lang, Ernest Lichtenthaler, Jacques Reeb, Antoine Risch (blessé à Dunkerque lors de la débâcle de 1940, hospitalisé comme militaire français en Angleterre et finalement réformé par les allemands), Antoine Schneider fils de l’ancien maire, Antoine Schneider (S’Grode) et ses frères François-Joseph, Albert, et René (l’un des Schneider sera fait prisonnier par les américains et envoyé aux USA), Joseph Penner et son frère Emile. Une ordonnance du 1er octobre 1943 précise les sanctions contre les insoumis, évadés ou déserteurs et leurs familles, allant de l’emprisonnement à la peine capitale en passant par la saisie de tous les biens, la transplantation dans une autre région et la déportation en camp de concentration.

Marius se souvient du voyage en train à travers toute l’Allemagne jusqu’à la ville de Küstrin située à 100km à l’est de Berlin. A sa descente de train le « malgré-nous » alsacien a une heureuse surprise. Il est attendu par une nièce du Père Célestin de Hohatzenheim, Johanna, mariée à Erwin Boehm de Küstrin, demeurant avec ses beaux-parents dans une belle maison individuelle au-delà de l’Oder. Marius se souvient d’une famille très croyante et résolument anti-nazie. Par une seconde coïncidence il se trouve que Marie-Louise, la femme de Marius, avait connu la sœur de cette Johanna au pensionnat de Ribeauvillé ! Nul doute que Notre Dame de Hohatzenheim veillait sur son instituteur exilé si loin des siens!

Marius avait été démobilisé de l’armée française avec le grade d’aspirant d’artillerie. Ce grade n’existant pas dans l’armée allemande, il est classé sous-officier dans la Wehrmacht. Immédiatement, Marius perçoit des différences sensibles entre l’armée française et allemande. « En France, un militaire en permission se dépêche de retirer ses effets militaires pour s’habiller en civil. En Allemagne, au contraire le soldat en permission est fier de s’afficher en uniforme et suscite d’ailleurs l’admiration de tous. » rappelait-il souvent. Dans sa situation, Marius sait que s’il veut éviter le front il doit faire son possible pour rester à Küstrin. Curieusement, c’est d’abord grâce à ses activités sportives qu’il parvient à rester sur place. Par la suite, lorsque la pression du front se fait plus insistante, il doit recourir à des moyens plus drastiques. Lors d’une permission en Alsace, il tente une première mutilation volontaire sous le contrôle du docteur Hans de Brumath. Un ami, Joseph Ambs lui matraque la clavicule à plusieurs reprises dans l’espoir de la casser et de lui éviter ainsi le départ pour le front. Malheureusement, Joseph a beau taper de toutes ses forces, rien n’y fait, la clavicule ne casse pas. A l'hôpital militaire de Brumath, Marius explique les marques sur son dos par une chute d’un pommier. Malheureusement, un médecin S.S. soupçonneux le soumet au sérum de vérité. Marius parle et est rappelé immédiatement à Küstrin où cette fois l’attendent à la descente du train un officier de la police militaire et deux soldats chargés de l’escorter vers l’hôpital militaire. Il est placé sous surveillance pour la durée de l’enquête. Marius est dans de sales draps mais heureusement pour le jeune instituteur, l’enquête sera classée sans suite grâce au témoignage de la famille Boehm et à un télégramme du docteur Hans.


A l’hôpital militaire de Küstrin Marius fait la connaissance d’un malgré-nous polonais, originaire de la région de Czestochwa (célèbre pour son pèlerinage de la Vierge Noire) et victime lui aussi de l’annexion allemande. Son nouvel ami lui parlera de la résistance polonaise et de lui donnera une autre recette de mutilation volontaire. Après quelques temps, le polonais veut inciter Marius à se joindre à l’effort de résistance et à entrer en contact avec la résistance polonaise. A cette fin, il lui transmet le signe secret qui doit servir de mot de passe à la prochaine réunion. Marius hésite. Au dernier moment il décide
de ne pas s’y rendre. Il apprendra par la suite que des fuites permirent à la Gestapo de localiser la réunion. Tous les participants furent pris et fusillés. Marius se sut jamais si son ami en fit partie.

Durant cette période la vie n’est pas facile en Alsace. Dans la commune de Wingersheim, voisine de Hohatzenheim, la Gestapo harcèle le curé Foesser pour refus du salut hitlérien et pour ses deux ouvrages historiques sur Wingersheim et Meistratsheim, jugés anti-allemands. La Gestapo cherchera à détruire les copies existantes et à saisir les manuscrits. Par la suite, ses sermons jugés « contraire à l’idéologie nazie » (il avait critiqué le recrutement des jeunes dans la Hitlerjugend) lui valent un second interrogatoire. Plusieurs personnes de Wingersheim connaîtront l’épreuve du camp de concentration de Schirmeck pour plusieurs démonstrations anti-allemandes. C’est notamment le cas de quelques incorporés de force de cette commune qui chantèrent la Marseillaise à Mommenheim. Malgré ces manifestations de résistance à l’occupant, les nazis infiltrent les communes et nomment des sympathisants aux postes clefs. Beaucoup de jeunes joignent (volontairement ou non) la Hitlerjugend, où certains pensent gagner le respect de leur communauté. Ainsi Eugène Jost raconta comme il fut un jour arrêté sur la route de Wingersheim par un défilé de la HJ, toutes bannières déployées, et dont il connaissait bien sûr tous les membres. Ceux-ci lui ordonnèrent d’un ton martial de faire demi tour et de leur donner un salut hitlérien en propre et due forme avant de pouvoir continuer sa route.

Pour Marie-Louise Meyer non plus la vie n’est pas facile avec sa petite fille, loin de son époux. Après le départ de Marius, Marie Louise est retournée habiter chez ses parents à Fegersheim. Son père Xavier Birg y est chef de gare. Xavier accepte assez mal le nouvel ordre nazi, d’autant plus que pendant la guerre de 14-18 il avait convoyé des trains pour le Reich jusqu’en Russie. Il avait notamment ramené un témoignage photographique impressionnant d’un pays alors en pleine révolution. Xavier voit peu de points communs entre les allemands qu’il avait connus et ceux qui débarquent. Ainsi on lui fait savoir qu’il n’a plus le droit de porter son fidèle béret, jugé pro-français. Il lui faut le remplacer par un chapeau allemand. Xavier a alors la mauvaise idée de donner son sentiment sur le chapeau allemand : « Un tel chapeau, s’écrie-t-il, n’est bon que pour aller au cabinet ! » Un voisin l’entend et le dénonce immédiatement. Un tel commentaire était suffisant pour un séjour en camp de concentration et ce n’est que grâce au contre témoignage d’une relation que Xavier échappe à ce sort.

La petite Simone aussi est bien prête de connaître un sort funeste. Elle avait l’habitude de se promener chez la voisine. Un jour, elle entre dans cette maison et, déjà coquette, demande à la voisine de l’aider à enlever son tablier pour lui montrer sa jolie robe. La voisine craignant qu’elle ne se salisse refuse et Simone se vexe. « Si c’est comme ça, je m’en vais ! » A peine la fillette a-t-elle franchi la porte, qu’une bombe tombe sur cette maison, blessant grièvement ses habitants. La gare de Fegersheim était en effet une cible de choix pour les bombardiers alliés, surtout quand les trains y étaient stationnés.

Marie Louise a pris l’habitude de venir à Hohatzenheim pour se procurer du lait pour Simone ainsi que d’autre denrées auprès des paysans qu’elle connaissait. Un jour dans l’autobus un soldat s’approche et vérifie papiers et bagages. Marie-Louise qui transporte une valise pleine de denrées du marché noir sent son coeur battre la chamade. Le soldat s’avance et Marie-Louise tente le tout pour le tout : « Monsieur, Il faut que je vous dise, mon mari est soldat et j’ai dans cette valise quelques denrées pour lui. » Sans aucune hésitation, le soldat s’exclame alors: « Soldat ? Schon gut! » Et il s’éloigne sans demander son reste. Marie-Louise se souviendra pendant des décennies de la peur de sa vie. Bien sûr lorsque Marius rentre en permission, il donne un sérieux coup de main à sa femme pour transporter les denrées qu’il se procurent à Hohatzenheim. Un jour que le couple transporte la viande d’un cochon entier sous le matelas du landau de Simone, un homme les aborde à la gare devant une marche et insiste pour les aider à soulever le landau. « Mon dieu que ce landau est lourd ! » s’écrie-t-il. Au cours de ses permissions à Hohatzenheim, Marius se procure aussi du Schnaps, denrée très appréciée des soldats. Son fournisseur favori est Alphonse Goetz (ferme S’Valdes) et Marie Louise a le souvenir de plusieurs séances de dégustations approfondies ! Ces permissions bien sûr sont toujours trop courtes et c’est le cœur serré que le couple se sépare à nouveau.

Avant son dernier départ pour Küstrin, Marius rencontre un de ses amis à Strasbourg, Alphonse Adam de Schiltigheim qui faisait partie du Front de la Jeunesse Alsacienne et qui s’était investi dans des actes de résistance, notamment le trafiquage de la voiture du Gauleiter. Avant de quitter son ami, Marius se souvient de l’avoir mis en garde du danger de telles opérations. « Ne t’en fais pas, avait-il répondu, nous prenons nos précautions ». Marius apprendra plus tard à Küstrin le sors funeste de son ami. Il avait été arrêté par la Gestapo et fusillé à Strasbourg le 15 juillet 1943 à l'âge de 24 ans. Une rue porte aujourd’hui son nom à Schiltigheim.

Au printemps 1944, Marius est toujours à Küstrin et commande un groupe sportif qui a le privilège d’assister à la finale de la coupe d’Allemagne au stade olympique de Berlin où il bénéficie de places réservées juste en face d’Hitler et des autres dignitaires Nazi. Schalke 04 affronte le S.C. Dresde. Pourtant, le divertissement est de courte durée. En effet, sur le front russe en ce printemps 1944, les opérations tournent mal pour l’Allemagne qui recrute maintenant à tout va. A Küstrin, Marius sait que le temps lui est compté et qu’il lui faut agir vite. Toujours aussi résolu à ne pas servir de chair à canon, il prépare sa seconde tentative d’évasion. Lors de sa dernière permission en Alsace il tente une deuxième mutilation volontaire. En suivant les instructions de son ami polonais, il s’injecte quelque substance dans le genou. L’opération tourne mal et la détérioration rapide du genou nécessite une hospitalisation immédiate. A sa sortie, Marius profite de la complicité d’un ami François-Antoine Roos pour déserter. Roos le cache d’abord dans son appartement de Strasbourg, puis dans la cabane de son jardin au bord de l’Ill. Juste après le bombardement de la clinique Bethesda le 24 septembre 1944 ( qui coûta la vie à trois religieuses), Himmler chef des SS arrive en inspection à Strasbourg. Il y a des soldats partout et Marius doit quitter la ville le jour même. Habillé en parachutiste et muni d’une bicyclette prêtée par Roos, Marius quitte Strasbourg. Roos l’accompagne jusqu’à Dingsheim et de là Marius continue seul en direction du couvent de Hohatzenheim. A cause de la présence de soldats allemands dans le secteur de Mittelhausen, Marius doit porter son vélo à travers champs jusqu’au couvent franciscain où il est accueilli cordialement par le Père Marcel Bohnert, un franciscain luxembourgeois réfugié à Hohatzenheim.

Marius restera caché au couvent pendant deux mois sans que sa famille ne se doute de rien ni même ne sache où il est. Son activité au couvent est marquée par la rédaction et la diffusion de tracts aux incorporés de force, au classement des 18.000 adresses confiées à la Sainte Vierge des Douleurs, au dessin, à la cuisine et quelquefois le soir au jeu de cartes avec le Père Marcel, le Frère Martin et Joseph Ambs. Depuis la fenêtre du couvent, Marius aperçoit quelquefois sa femme Marie-Louise allant à l’église ou au cimetière sans que bien sûr elle ne se doute que son cher mari est si proche.

Deux autres clandestins se cachent au couvent : Edmond Scheid de St-Louis-les-Bitche, frère du Frère franciscain Gabriel et Joseph Merckel de Marlenheim. Le dimanche, les clandestins assistent à la messe depuis le souterrain de l'église. A l'insistance du Père supérieur, et sur les conseils d’un radiesthésiste, les clandestins creuseront l’antique souterrain à la recherche d'un mystérieux calice en or qui aurait été caché sous l’église durant la révolution. Ces recherches restèrent infructueuses.

Depuis le couvent, les clandestins sont régulièrement en contact avec la résistance bas-rhinoise du commandant François alias Kieffer. Un haut-rhinois du nom de Luttringer, assure le relais. C’est lui qui apporte à Marius sa nomination à la tête de la section locale des F.F.I. Durant ces mois de clandestinité le danger était toujours présent ; un jour, un sympathisant des allemands reçoit le tract des clandestins et les dénonce. La Gestapo fait immédiatement une descente au couvent. Marius qui est à ce moment dans la cuisine, a juste le temps de se réfugier au grenier. La Gestapo embarque le Père Célestin, supérieur du couvent, et le conduit à Strasbourg dans ses locaux de la rue Sellenick pour interrogatoire. Ce lieu situé près du palais des Fêtes est resté tristement célèbre puisque c’est là en effet que beaucoup comme Georges Wodli furent torturés à mort. Heureusement le témoignage favorable du Bürgermeister de Mittelhausen-Hohatzenheim, Michel Diemer, permet le retour du prêtre, moyennant caution. Par une chance inouïe, la Gestapo n’effectue pas de perquisition au couvent. C’est durant l’un de ces moments critiques que Marius fait voeu à Notre Dame de Hohatzenheim de rester au village après la guerre s'il s'en sort indemne.


Libération


Le 23 novembre 1944 Strasbourg est enfin libérée par la deuxième DB du général Leclerc. Le lendemain, 24 novembre, de sa fenêtre sous les combles, scrutant l’horizon avec les jumelles du Père Célestin, Marius est fier d’être le premier à apercevoir un char américain qui se dirige vers le village. Hohatzenheim est en passe d'être libérée. Marius annonce triomphalement la bonne nouvelle à tout le couvent. Le village voisin de Wingersheim sera libéré le même jour par une patrouille venant de Waltenheim.

Les premiers contacts entre la population du village et les américains sont cordiaux, toutefois la communication s’avère difficile. Personne parmi les soldats ne parle français ou allemand et les villageois ne parlent pas anglais. De ce fait, c’est le Père Célestin qui servira d’interprète en communiquant en latin avec l’aumônier militaire américain ! C’est une chance pour Marius car les américains avaient alors l’habitude d’envoyer les jeunes gens suspects en camp d’internement à Besançon. A peine sorti de la clandestinité, Marius, intervient à l’école communale où déjà les Américains s’apprêtent à enfoncer la porte.

Marius, évidemment retrouve sa famille avec grande joie. Tous se croient sauvés et pourtant une dernière épreuve les attend. Début janvier 45, les allemands lancent leur dernière grande offensive avec pour but la prise de Strasbourg. Les américains parlent de se replier temporairement sur les Vosges. Sans hésitation, Marius avec sa famille et le futur maire Joseph Schneider décident de quitter le village par un temps épouvantable et de se replier sur Marlenheim. Eugène Jost craignant lui aussi des représailles, disparaît pendant plusieurs jours. Finalement, l’intervention du maire de Strasbourg et du général de Gaulle convaincra les américains de défendre la région et Marius et sa famille seront définitivement sauvés.

Durant l’année 45 plusieurs unités américaines se succèderont à Hohatzenheim et aux allentours. Les officiers s’installent dans l’ancienne maison d’habitation des Jost (ferme S’Schleiers). L’intendance est basée chez les Goetz (S’Valdes) et le centre de munitions dans la ferme S’Blase. L’école du village devient rapidement un quartier général interdit à tous les civils. Marius et Marie-Louise ont repris place dans le logement de fonction de l’instituteur, situé au-dessus de l’école. Un jour, par un froid extraordinaire Marie Louise se faisant du souci pour les officiers réunis dans la salle d’école, décide de leur amener un seau de charbon. Elle toque timidement à la porte de la salle de classe. Un officier sort immédiatement, ferme la porte derrière lui et l’éloigne de ce lieu sensible. Il remercie Marie-Louise pour son geste en lui expliquant que le charbon est inutile. En effet l’armée américaine est équipée de réchauds à mazout, inconnus en Alsace. Les autres nouveautés américaines qui impressionnent les villageois comprennent la jeep tout-terrain et le matériel lourd bien sûr, mais aussi le stylo à bille, le chewing-gum, les cigarettes blondes, le pain blanc et même les oranges. Les américains gagnent rapidement la réputation d’une grande gentillesse, surtout avec les enfants à qui ils distribuent des quantités importantes de chocolat. La petite Simone âgée de 4 ans fut la seule française qui réussit à passer le barrage de la salle d’école, et à pénétrer au cœur de l’état major Yankee. De ces escapades, Simone ne ramène aucun secret militaire mais des poches remplies de chocolat. Les américains l’avaient surnommé « the little girl with blond hair ».

Durant cette période, Marie Louise se souvient aussi du passage à Hohatzenheim des troupes françaises, mais paradoxalement celles-ci laissèrent un souvenir plus mitigé. Marie-Louise se rappelle que les français qu’elle rencontra étaient assez arrogants dans leurs réquisitions et qu’ils « réservaient leur chocolat pour les jeunes filles ! ». Rien à voir disait-elle toujours avec la gentillesse et le respect des américains.

Pourtant les contacts entrent la population et l’armée américaine sont parfois tendus, notamment le jour où Marius est convoqué d’urgence par l’état major américain. Un soldat a découvert des lance-flammes cachés dans son garage. « Des lance-flammes dans mon garage ? Impossible ! » S’écrie l’instituteur. Tous se rendent donc sur les lieux pour constater le fait. En voyant le matériel Marius éclate de rire : les armes en question ne sont en fait que des pulvérisateurs fourni par l’administration allemande et destinés à ne faire de dégâts que parmi les doryphores. Chez les Jost, les américains laissent quelques souvenirs mitigés. Ainsi la troupe a cassé un lit, volé les draps et quelques jambons. Dans l’ancienne maison d’habitation il y avait un vieux poêle à charbon. Les soldats ont alors la mauvaise idée de le bourrer d’essence et d’y mettre le feu. Le poêle explose aussitôt. Les soldats s’en procureront un autre immédiatement. Se fournir en objets de toute sorte n’est jamais un problème pour une armée conquérante. Ainsi Marius qui a retrouvé ses fonctions de secrétaire de mairie exprime auprès des américains le besoin d’une machine à écrire. En peu de temps un soldat dépose sur son bureau une machine flambant neuve !

A l'arrivée des alliés à Hohatzenheim, l'administration mise en place par les Allemands est évidemment chassée et Eugène Jost est nommé par la préfecture maire provisoire jusqu'aux élections du 7 octobre 1945. Avant et pendant la guerre, Eugène avait embauché deux couples successifs de polonais pour l’aider dans les travaux de ferme. Ceux-ci étant repartis à la libération, il est à nouveau à la recherche de main d’œuvre. En tant que maire du village, il se rend à Mutzig où se trouve le camp de prisonniers allié et au nom de la communauté, il demande la garde d’une dizaine de prisonniers allemands. Il est évidemment à la recherche d’homme ayant l’expérience de l’agriculture. Après quelques questions, il s’aperçoit rapidement que la plupart des prisonniers sont des paysans. Il en choisit une dizaine et les répartit dans plusieurs fermes du village. Lui-même en garde deux, Willy, un jeune soldat d’environ 20 ans, et Wilhelm qui avait la quarantaine. Les 2 Allemands participent aux travaux des champs et à l'entretien général en échange de quoi ils sont logés et nourris. Les prisonnier sont sensés être rassemblés toutes les nuits au Restaurant « Zum Burgritter ». Cette mesure contraignante sera progressivement abandonnée. La moitié des prisonniers s’évaderont un matin de septembre 1946, le lendemain d’un petit bal donné au restaurant. Willy sera parmi eux. Les hommes voleront quelque nourriture, et s’enfuiront vers le Rhin qu’ils traverseront par groupe de deux. Le dernier groupe comprenant trois hommes se fera repérer par les gardes frontière et les trois hommes seront abattus. Cette aventure sera raconté à la famille Jost plusieurs années plus tard par Willy lui même à l’occasion d’une visite à Hohatzenheim. Quant à Wilhelm, il attendra pour rentrer en Allemagne son ordre de démobilisation qui arriva en 1947. Il s’était lié d’affection pour le jeune Hubert Jost (6 ans) à qui il aimait raconter des histoires. Il écriera quelques temps à la famille.

Revenons à ce début d’année 1945 à Hohatzenheim. En plus de l’état-major à l’école, et de l’occupation de plusieurs fermes, l’organisation américaine locale comprend un petit aérodrome sur la route de Wingersheim (en face de la croix). Comme les avions (d’observation) décollent et atterrissent sur la route, les soldat ont pris soin de couper tous les arbres qui la longent, y compris les sapins autour de la croix. Sur cette route à l’entrée du village a lieu un accident. Une Jeep manque le tournant et s’écrase dans le fossé. L’un des trois soldats à bord porte malheureusement des grenades à a sa ceinture qui explosent sous le choc tuant les trois hommes. Hohatzenheim compte une autre victime : un soldat se tue par mégarde en nettoyant son arme. Un autre accident est évité de justesse quand des enfants sont surpris en train de jouer avec des mines que les américains avaient jetés près de la source dite « du Wendel ».

Malgré ces incidents, la région de Hohatzenheim est calme en cette période troublée. Pour la distraction de ses troupes, l’US Army a installé une salle de cinéma dans l’une des granges de la ferme S’Blase, rue de l’Eglise. A l’époque cette ferme est habitée par deux vieilles filles . Un jour, celles-ci s’aventurent vers le local cinématographique pour voir ce qui s’y projette. Nul ne sut jamais quel fut le film hollywoodien qu’elles aperçurent, toujours est-il que ce film devait contenir quelques tendres baisers car dès le lendemain les deux soeurs font courir le bruit à travers le village que les américains utilisent leur local pour projeter des films pornographiques!

J’ai réussi à retrouver la trace de l’une des unités américaines qui séjourna à Hohatzenheim durant cette période. Du 21 février au 4 mars 1945, Le 141e régiment d'infanterie de la 36e division d'infanterie américaine établit son poste de commandement à Hohatzenheim. Ce régiment texan qui franchira le Rhin fin mars, était passé par l'Algérie, l'Italie et la Corse avant de participer au débarquement en Provence d' Août 1944. Laissons la parole à l’un des soldats de cette unité malheureusement non identifié, qui mentionne dans ses mémoires son passage à Hohatzenheim :

« Le 21 du mois [de février] les français firent leur apparition et nous informèrent qu’il nous remplaçaient dans nos positions [du secteur d’Herrlisheim]. Nous apprîmes que notre nouvelle destination était une glorieuse position à l’arrière.

Durant le mois de février et quatre jours en mars nous nous entraînions, défilions et utilisions nos projecteurs la nuit dans la campagne autour de Hohatzenheim, qui se trouve à environ 10 miles (7 km) de Brumath. Le temps était généralement dégagé et relativement chaud. Nous savions heureusement que le barrage d’artillerie qui faisait trembler une colline située à une distance de quelques champs, n’était en fait que la compagnie Charlie effectuant un exercice S-3 prévu de 9h 30 à 10h 30.

Il y avait des projections de films presque tous les soirs et s’il n’y en avait pas, ou si le générateur était en panne, il y avait des soirées, des réunions de bière, et de petits concerts improvisés. En plus de l’entraînement durant la journée, on nous gratifia de décorations individuelles pour héroïsme exceptionnel durant les combats des périodes précédentes.

L’aspect probablement le plus singulier et sans aucun doute le plus agréable de cet intermède fut la précision dans l’estimation du temps alloué à ces activités. La plupart de nos précédentes périodes de repos et d’entraînement furent soudainement interrompues par une poussée inattendue des allemands ou une attaque précipitée d’envergure qui nous ramenait, couvertures volantes et cuisine suivante, aux lignes du front. Cet intermède au contraire, était prévu pour une durée de 10 jours, et étonnamment ce fut effectivement une période de 10 journée pleines. Comme prévu, le 4 mars nous avons déménagé à Haguenau où débuta un nouveau chapitre de la longue histoire du régiment. »

Après la libération Marius reprend ses activités à la paroisse, à la mairie et à l’école. Au sein du canton de Hochfelden il collabore à la section locale des F.F.I et par la suite au Bataillon des Volontaires du Rhin. Il est notamment amené à témoigner en faveur de personnes soupçonnées d’avoir collaboré avec l’occupant allemand. Durant cette période et à l’occasion des ses activités, il se lie d’amitié avec un officier supérieur américain, le colonel Vernon Evans, qui parle le français et qui l’emmène souvent à Hochfelden où l’état-major américain du canton se réunit dans un lieu secret. A chaque fois, Evans prend soin de déposer Marius à l’entrée du village avant de se rendre au rendez-vous. Il ne divulguera qu’après la guerre à Marius l’endroit de ces réunions. Durant ses passages à Hohatzenheim, Evans déjeune souvent chez les Meyer. Lors d’une des ses venues, Marie-Louise lui demande ce qu’il aimerait manger et cet officier supérieur n’hésite pas une seule seconde : « des œufs, je voudrais des œufs frais ! » En effet, la nourriture militaire était essentiellement basée sur du lait et œufs en poudre. Au cours de ces entrevues Evans pensait toujours à gâter la petite simone. Il confie également que durant ses campagnes il avait vu des bons et des méchants dans les deux camps, mais que les japonais avaient particulièrement la réputation d’une grande cruauté.

Après la guerre, Evans devint général et restera un temps basé à l’ambassade américaine à Paris. En 1946, il revint une fois en visite à Hohatzenheim chez ses amis Meyer. Il était accompagné de l’amiral Thierry d’Argenlieu, chef de la marine de la France Libre et du Général Gamelin, général en chef malheureux de la campagne de 1940 qui fut par la suite condamné par le régime de Vichy, déporté en Allemagne et finalement libéré par les américains. Tout ce petit monde alla tranquillement déguster la cuisine de Marie Louise Meyer. Evans arriva avec un grand paquet pour Simone et l’amiral d’Argenlieu fit ce commentaire à Marie-Louise : « Vous savez madame, le général Evans vous estime beaucoup. Durant tous nos déplacements il a insisté pour garder auprès de lui le paquet pour la petite Simone. » Par la suite Marius ira une fois lui rendre visite à Paris, accompagné de la petite Simone.

De retour aux Etats-Unis Evans enverra à ses amis alsaciens un gros paquet avec des vêtements et des chaussures. Marie-Louise avouera plus tard avec quelque honte qu’ayant trouvé les chaussures trop petites, elle en fit la remarque par lettre à Evans qui aussitôt envoya une autre paire plus grande ! Peu à peu les Meyer perdirent le contact de leur ami américain. Marius croit se souvenir qu’il fut envoyé en Corée durant la guerre de 1951-53. Vernon Evans était de Montclar dans le New Jersey près de New York. Comme j’habite moi-même à New York j’ai fait quelques tentatives pour retrouver la famille de l’ancien colonel, malheureusement sans succès. Lorsqu’en 1991 je quittai la France pour m’installer aux Etats-Unis, Marie Louise, ma grand-mère alors âgée de 74 ans me dit : « Surtout dis bien aux américains que nous les aimons beaucoup car nous n’oublions pas ce qu’ils ont fait pour nous ».

Je pense que ce témoignage est important pour les générations présentes et futures car il nous rappelle en effet comme dirait Michel Sardou « qu’un jour, on en a eu besoin ».


Le devoir du souvenir


Hohatzenheim, comme beaucoup de communes d’Alsace, paya un lourd tribu à la folie de cette époque. Ainsi sont tombés sur le front de l’est Antoine Schneider (né en 1915), Ernest Lichtenthaler (1920), René Schneider (1921) et Joseph Kuhn (1924). Jacques Reeb (1920) est tombé près d’Aprilia en Italie le 19 février 1944, André Kuhn (1925) est décédé brutalement à la gare de Metz lors de son retour comme prisonnier de guerre (début 45). Comme le dit très bien Marius dans son mémoire sur cette période :

« N’oublions pas les malheureuses victimes qui ont laissé leur vie à la fleur de l’âge, loin de leur région natale et qui ont trouvé leur sépulture dans une terre étrangère. Qu’il reposent en paix ! »

Aujourd’hui, le promeneur qui se rend à l’église du pèlerinage marial de Hohatzenheim peut voir les centaines d’ex-voto de ceux qui après la guerre voulurent remercier la Vierge de sa protection. Le premier d’entre eux à être installé à la libération, en bonne place juste sur la gauche en faisant face à la chapelle mariale, est celui des trois clandestins du couvent qui eurent l’idée d’exprimer ainsi leur reconnaissance à la vierge. Dans le coin arrière de l’église, sur la droite en entrant, le visiteur verra la trappe d’une des entrées du souterrain d’où en 1944 les trois clandestins assistèrent aux offices. Marius bien sûr, a respecté son vœu et est resté à Hohatzenheim en tant qu’instituteur, organiste et secrétaire de mairie, en dépit de l’offre du curé de le défaire de son vœu. Il prit sa retraite en 1977. Marius et Marie-Louise, à 85 ans passés, et après plus de 63 ans de mariage vivent toujours heureux à Hohatzenheim.


Réalisé en Mars 2003 par Bertrand Jost à partir des mémoires de guerre de Marius Meyer, des nombreux souvenirs du couple Meyer rassemblés au fil des années ainsi que des souvenirs de Philibert Jost (fils d’Eugène Jost de la ferme S’Schleier’s).


Annexe


Administration communale :
Jusqu’en juin 1940 : maire : Nicolas Schneider
1940-1942 : Bürgermeister : Michel Lichtenthaler
1942-1944 : Hohatzenheim incorporé à Mittelhausen - Bürgermeister : Michel Diemer
1944-1945 : Administrateur de la commune: Eugène Jost
7 octobre 1945 : 1ères élections municipales après la libération – Maire : Joseph Schneider

Secrétariat de mairie :
Octobre 1938 – Sept 1939 : Marius Meyer
1939-1940 : Forstmann de Haguenau
1940-1943 : Ernest Lichtenthaler
1943-1944 : Valentin Diebold
24 novembre 1944-1983: Marius Meyer

Ecole Primaire:
1938-1944: Marius Meyer, Forstmann, August Engelhard de Karlsruhe et des périodes de rattachement aux écoles de Wingersheim et Mittelhausen.
1944-1977 : Marius Meyer

Paroisse :
Couvent franciscain depuis 1909 avec comme supérieurs :
1938-1943 : Père Henri Diehly
1943-1945 : Père Célestin Troxler et le Père Marcel Bohnert du Luxembourg
Marius Meyer organiste jusqu’en 1981.


L’ex-voto des trois clandestins du couvent dit simplement :


1944
Reconnaissance
à
N.D. de HOHATZENHEIM
Pour sa protection maternelle
Ses enfants
M.M. – Schaefersheim
SCH.E. – St. Louis-les-Bitche
M.J. – Marlenheim