(Kertzfeld, Schaeffersheim)
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PREMIERE PARTIE
UN IMMIGRE ARRIVE A KERTZFELD ET DEVIENT MESSAGER DES POSTES
L’histoire
de
cette
famille
commence dans le village de Kertzfeld en Basse Alsace ou Jacob
Egg est
mentionné pour la première fois le 15 août 1657. Ce
jour là, Jacob et sa femme
Maria Andlauer déclarent la naissance de leur fille Maria.
PREMIERE GENERATION
JACOB
EGG
A
KERTZFELD (1657-1687)
1- Origine de Jacob Egg
En
général les registres paroissiaux
du XVIIe siècle ne permettent pas de déterminer la
provenance d’un individu. En
effet ils se composent typiquement de tableaux contenant dates, noms
des
individus concernés (baptisés, mariés,
décédés) ainsi que le nom des parents,
parrain, marraine ou témoins mais presque jamais leur
provenance. Par chance,
les registres “systématiques” de Kertzfeld contiennent des
annexes ou les
informations sont présentées de manière plus
informelle et souvent avec des
renseignements secondaires. Ces annexes ont l’apparence de brouillons
des
tables systématiques. Ainsi en feuilletant ces brouillons on
apprend que le 15
août 1657 un certain “Jacob Ehngehe von Kunzen” mari de Maria
Andlauer baptise
sa fille Maria.
Il
n’y a pas de village appelé “Kunzen” dans les environs de
Kertzfeld, et
le renseignement est donc de peu d’utilité par lui même.
Heureusement, dans ces
mêmes brouillons sont mentionnés deux autres personnages
qui n’apparaissent
qu’une seule fois à Kertzfeld:
-
En 1652 en la paroisse de Kertzfeld est célébré le
mariage de “Laurent
Hegger von Kunzeldorf aus Mahren mit Ursula Schästler von
Frahennintter aus
Schwabe”.
-
Le 1er octobre 1654 Adam Kuntz baptise son fils Michel. Le parrain est
un
certain “Martin Egg von Künntz”.
Il est presque
certain que Martin Egg
et Jacob Egg sont de la même famille car nous verrons que les
liens sont
nombreux entre la famille Egg et la famille Kuntz (ou Kuhn). Quant
à Laurent,
la similitude du nom et de la provenance semble le rattacher
également à la
même famille. On peut penser que l’auteur des registres a
épelé le nom du
village en entier en 1652, puis les années suivantes s’est
contenté d’une
abbréviation pour finalement l’omettre complètement
dès les années 1660. Le
lien avec Laurent Hegger est capital car il nous instruit sur la
provenance de
la famille. En effet “Mähren” c’est l’actuelle Moravie
tchèque, province
coincée entre la Bohème à l’ouest et la Slovaquie
à l’est, entre la Silésie
polonaise au nord et la région viennoise au sud, capitale
autrichienne des
Habsbourg. Quant à la femme de Laurent, elle vient de “Schwabe”,
c’est à dire
du Wurtemberg.
Tentative de
localisation plus précise
Une recherche
sommaire sur Internet ne
m’a pas permis d’identifier l’existence d’un village de “Kunzeldorf” en
Moravie. Toutefois, cette recherche est rendue difficile puisque la
province
est passée sous contrôle tchèque dès 1918 et
tous les noms allemands ont été
changé. Par contre dans la province voisine de Silésie
qui n’est passée à la
Pologne qu’en 1945, j’ai peu trouvé la trace d’une douzaine de
villages
anciennement appelés “Kunzendorf”, dont un juste à la
frontière morave. Il
s’agit du village actuel de Trzebina dans la région d’Opole au
sud de la
Pologne. Comme à l’époque il n’y avait pas de
frontière entre la Silésie et la
Moravie, toutes deux provinces autrichiennes, la limite devait
être assez vague
et il se peut que Trzebina soit le village “morave” d’origine de la
famille la
famille Egg. Quoiqu’il en soit aucun village de “Kunzendorf” ne compte
aujourd’hui de registres paroissiaux de cette époque et la
preuve de l’orgine
de la famille Egg est donc impossible.
2 – Origine de
Maria Andlauer
L’épouse de
Jacob Egg n’est pas non
plus née à Kertzfeld. Toutefois, étant
donné le nombre de Andlauer dans ce
village, on peut penser que Maria est née dans un village
voisin. Il est même
possible qu’elle soit originaire de Kertzfeld et que sa famille ait
quitté
temporairement le village pendant la guerre de trente ans (1618-48).
3- Mariage du couple
Il n’y a aucune trace dans les registres de Kertzfeld d’enfants
de Jacob
Egg nés avant sa fille Maria (née en 1657). On peut donc
penser que Maria soit
son premier enfant et que le mariage de Jacob Egg et Maria Andlauer eut
lieu
peu avant, peut-être dans les années 1654-56.
4 – Arrivée
de la famille Egg à Kertzfeld
Martin Egg est
choisi comme parrain de
Michel Kuntz en 1654. Comme ce titre est en général
porteur d’un statut social
lié aux aspirations du père de l’enfant, le parrain est
le plus souvent un chef
de famille établi. Ainsi Jacob Egg ne sera parrain pour la
première fois qu’en
1673, environ vingt ans après son marriage. On peut donc en
déduire que Martin
Egg était bien plus âgé que Jacob. Il est probable
qu’il était son père.
De plus, les
détails sur la provenance
des époux Laurent Egg et Ursula Schästler, suggère
que le marriage entre ces
deux immigrés eut lieu peu de temps après leur
arrivée en Alsace. Ces détails
permettent de suggérer le scénario suivant: vers la fin,
ou juste après la
guerre de trente ans (marquée par les traités de
Wesphalie signés en janvier et
octobre 1648), Martin Egg émigre de Moravie avec ses fils (ou
peut-être ses
jeunes frères) et arrive finalement à Kertzfeld. Il reste
dans ce village
quelques années (au moins jusqu’en 1654) puis le quitte. Il est
probable qu’il
ait suivi son fils Laurent qui a également quitté le
village après 1652. Jacob
Egg se marie probablement au milieu des années 1650 dans le
village de son
épouse. Il restera toutefois à Kertzfeld jusqu’à
sa mort.
5- Contexte de
l’immigration de la famille Egg
a) La guerre de
trente ans en
Moravie
La première
question qui vient à
l’esprit concerne évidemment la raison du départ de la
famille Egg de Moravie.
Un premier indice nous est donné par la situation de cette
province à cette
époque. Au XVIIe siècle, la Bohème, la Moravie, la
Silésie et bien sûr l’Autriche
sont toutes provinces impériales entre les mains des Habsbourg.
Ces provinces
sont majoritairement catholiques. La Moravie ne compte qu’une seule
frontière,
à l’est avec les territoires des princes hongrois et roumains
(de Transylvanie)
plus ou moins émancipés de la tutelle ottomane. A la
veille de la guerre de
trente ans cette frontière est relativement stable. L’expansion
turque fut en
effet stoppée devant Vienne en 1529, et depuis les sultant
avaient privilégié
le théâtre méditaranéen. La guerre de trente
ans en affaiblissant l’empereur va
fragiliser cette frontière.
La
guerre de Bohême 1618-1620
La guerre de trente
ans débute en mai
1618 avec le soulèvement des princes protestants de Bohême
(défénestration de
Prague). Ceux-ci remportèrent quelques succès et en juin
1619 la rébellion
gagna la Moravie voisine.[1] Le
commandant d’infanterie impérial de Moravie Albrecht von
Waldstein, s’enfuit à
Vienne avec les reçus du trésor morave. Au même
moment, le comte protestant
Matthias Thurn tente le siège de la capitale autrichienne mais
doit renoncer
après quelques jours par manque d’artillerie (14 juin 1619). A
cette époque,
toutes les provinces impériale au nord du Danube joignirent la
rébellion. Les
impériaux réagirent dès le 10 juin en Bohême
grâce à l’aide financière et
militaire de l’Espagne. Les protestants eurent alors un allié
innatendu:
Bethlen Gábor, prince de Transylvanie, alliés des turcs
épouse la cause
protestante et après avoir défait l’armée
impériale en Hongrie le 13 octobre
1619, il se dirige vers Vienne qu’il assiège en novembre avec
l’aide de l’armée
de Thurn. Toutefois, l’annonce d’une invasion de la Hongrie par la
Pologne
force Gábor à conclure en janvier 1620 une trève
de 9 mois avec l’empire.
L’empereur profite de ce répis pour se jeter sur la Bohême
pendant que son
allié l’électeur de saxe occupe la Lusatie et la
Silésie (cf carte 1). Au
moment où l’armée de secours turco-hongroise de Bethlen
Gábor passait la
rivière Morava,[2] les forces
protestantes furent sévèrement défaites par
l’armée impériale du comte de Tilly
à la bataille de la Montagne Blanche, près de Prague (le
7 novembre 1620).
L’armée impériale occcupa alors toute la Bohême et
la Moravie jusqu’à la
rivière Morava.
Pacification
de
la
Moravie 1621-1623
Après la
bataille de la Montagne
Blanche, les forces protestantes se regroupèrent dans le
Palatinat et à partir
de 1621 c’est l’Allemgne qui devient le
théâtre principal des opérations militaires.
Toutefois la guerre en Moravie ne
cesse pas. Aidé par des bandes de rebelles valaches qui
opéraient des raids à
partir des montagnes des Carpates qui bordent la Morava (cf carte 1),
Gábor
connut encore quelques succès notamment face au
général autrichien Buquoy.
Pourtant vers la fin de l’année 1621 il est défait
à Olomuc et doit traiter
avec l’empire. Par le traité de Nikolsburg (31 décembre
1621), il doit évacuer
la Moravie et obtient en contre-partie la Slovaquie et les deux
principautés de
Silésie Oppeln et Ratibor. En conséquence de de ce
traité les forces hongroises
de Gábor évacuent la Moravie en 1622. En 1623 les bandes
valaches furent
finalement soumises à leur tour. Les vainqueurs
marquèrent cette victoire par
une série d’éxécutions publique.
Contre-attaques
protestantes
1623-1626
Les valaches se
soulevèrent à nouveau
en 1623 et attaquèrent la ville frontière de Vsetin. Les
turco-hongrois de
Gábor en profitèrent pour reprendre la guerre et avancer
jusqu’à Brno, espérant
une jonction avec une armée protestante venue de Saxe en
Bohème. Mais Tilly
s’interposa et dipersa les armées protestantes de Brunswick et
de Mansfeld.
Isolé, Gábor signa une nouvelle fois la paix en 1624 et
se retira de Moravie.
Les Impériaux tentèrent alors de soumettre les valaches
dans les montagnes à
l’est de Vsetin mais furent défaits. En 1625 Christian IV, roi
du Dannemark
prit la tête de la ligue protestante. En janvier 1626, il obtint
de Gábor
l’assurance d’une nouvelle diversion en Moravie et Silésie. En
juin 1626
Mansfeld entra en Silésie et longea l’Oder jusqu’en Moravie,
espérant faire la
jonction avec Gábor. De Vsetin, les valaches prirent Lukov et
avec l’aide des
danois, Hranice. Mais Walenstein qui avait suivi Mansfeld le long de
l’Oder, le
rattrapa en Septembre et Mansfeld dut se réfugier en Hongrie
où il rejoignit
Gábor. Affaiblie par les récentes défaites turques
en Perse, Gábor demanda une
nouvelle fois la paix (28 décembre 1626). Mansfeld mourut en
novembre de mort
naturelle et le reste de ses force se replia en haute Silésie.
En 1627
Wallenstein contre-attaqua et chassa les danois de Moravie. Les
valaches durent
une fois de plus se replier vers les montagnes des carpathes.
La fin des
années vingt fut marquée
par une domination totale des armées catholiques sur tout
l’empire germanique.
Le salut des protestants viendra encore une fois du nord. Le 6 juillet
1630, le
roi de suède Gustave Adolphe débarqua en Allemagne et par
ses succès rapides
changea radicalement le rapport de force entre catholiques et
protestants
jusqu’à la fin de la guerre. En quelques mois le roi de
Suède remporte
plusieurs victoires importantes et grâce à un
traité avec la France en 1631, il
fut bientôt maître d’une grande partie de l’empire.
En octobre 1631
l’armée de l’électeur
de saxe qui était passé aux protestants, renforcée
de 1200 suédois entra en
Lusatie. Ils poussèrent vers la Moravie et la Bohême sans
rencontrer de
résistance. En novembre Prague tomba sans un coup de feu. En Mai
1632
Wallenstein recaptura Prague et chassa les saxons de Bohême. En
novembre de la
même année, Gustave Adolphe fut tué à la
bataille de Lützen. Celle-ci pourtant
sera gagnée par les suédois.
Après une
période de repli, les
suédois grâce à l’appui français, reprirent
l’offensive. En 1634, ils
réoccupèrent brièvement la Bohème jusqu’en
1635. Ils revinrent une nouvelle
fois en 1639 et atteignirent Prague. Manquant d’équipement de
siège, ils se
retirèrent à nouveau. En Juin 1642, le
général suédois Torstensson défit les
saxons (qui étaient repassés à l’empire) et entra
en Moravie. Il prit Olomuc le
même mois. Il fortifia la place qui devait rester le fer de lance
de la
présence suédoise jusqu’à la fin de la guerre.
Durant cette période, sa
population passa de 30.000 à 2.000 habitants. Vienne
étant alors menacée, les
autrichiens contre-attaquèrent avec une puissante armée
et repoussèrent les
suédois vers la Silésie et la Saxe. En novembre
Torstensson battit les
impériaux à Breitenfeld et dès 1643 il entra une
nouvelle fois en Moravie et
assiégea Brno (Brünn). Il se retira brusquement en
Septembre pour combattre au
nord les danois qui étaient passés à l’empire.
En 1642-43 les
valaches profitant de
la présence suédoise s’étaient une fois de plus
soulévés contre les Habsbourg
et occupèrent avec leur nouveaux alliés une partie de la
Moravie. Après le
départ des suédois, l’empire fut résolu d’en finir
une fois pour toute avec les
valaches. En janvier 1644, une armée massive se lança
à l’assaut des montagnes
à l’est de Vsetin. Ils détruisirent villages, champs et
poursuivirent les
fugitifs jusqu’en Hongrie. Un tiers des valaches furent
massacrés. Le reste dut
se faire recenser (février 1644) et se convertir au
catholicisme. En mars, les
derniers fugitifs valaches furent massacrés dans les carpathes.
En septembre
1644, la peste gagna la région.
Torstensson revint
en Moravie en 1645
où il rencontra le 8 mars une armée impériale
à Jankau près de Tabor. La
défaite impériale fut écrasante et les
suédois s’approchèrent en avril à 50 km
de Vienne. Toutefois, voulant assurer la conquête de la Moravie,
Torstensson
repartit vers le nord pour assiéger Brno une fois de plus. Le
siège dura
jusqu’en août. N’obtenant aucun résultat Torstensen se
dirigea vers Vienne mais
voyant des forces ennemies importantes massées sur le Danube, il
décida de se
retirer vers la Bohême. Les suédois furent finalement
chassé de Bohême en 1646.
En 1647, Les suédois sous le commandement de Wrangel envahit une
nouvelle fois
la Bohême. En 1648, un de ses contingent arriva sous les murs de
Prague dont il
prit une partie en juillet. Ce status-quo dura jusqu’en novembre quand
parvint
l’annonce de la paix.
Durant
les
trente
ans de guerre en Moravie furent détruit 63
châteaux, 22
villes et 330 villages.
b)
La famille Egg pendant la guerre
Jacob
Egg
est
né aux environs de 1627.[3]
En conséquence son père Martin (si c’est bien lui) a
dû
naître aux environ de 1600 et aurait eu à peu près
50 ans passés lors du
baptême de 1654. Ainsi, Martin a du vivre de près les
premières invasions de la
guerre. Si en effet il habitait bien le village de Trzebina, il tomba
sous la
domination de Gábor en 1621 (duché de Oppeln). Par la
suite cette région se
trouva exactement sur le passage des troupes de Mansfeld et Wallenstein
en
1626. Quelque soit son bord, le passage de la soldatesque est toujours
synonyme
de pillages et de destructions.
Durant
toute
cette
période la région a très certainement
subi également les
raids incessants de pillards valaches et hongrois venu de l’est.
Toutefois avec
l’incursion suédoise, la destruction a probablement atteint de
nouveaux
sommets. Ainsi l’armée suédoise occupa la Moravie en
1642-43 et en 1645 la
bataille de Jankau se déroula à quelques
kilomètres à peine de Trzebina. Après
la victoire les vainqueurs ne manquèrent probablement pas
d’écumer les alentours.
Enfin en 1646 la peste gagna la région. Il est donc probable que
ce fut la
difficile période de 1645-46 qui poussa beaucoup de Moraves au
départ et
notamment ceux qui comme peut-être la famille Egg habitaient la
région de
Trzebina. A cette époque, Jacob devait avoir environ 18 ans,
Laurent peut-être
un peu plus, et Martin aux allentours de 40-45 ans. La famille n’a
probablement
pas gagné l’Alsace directement, mais par étapes
étant donné la distance entre
les deux provinces.
c)
Immigration en Alsace à la fin et après la guerre de
trente ans
Comme toutes les
régions de l’empire,
l’Alsace a connu un grand nombre de destructions pendant cette triste
guerre. A
l’occupation des troupes de Mansfeld (1622-24) succéda celle des
suédois à
partir de 1632. Les uns comme les autres pillèrent et
détruisirent abondemment
dans toute la province. Benfeld, défendue par ses habitants et
Louis Zorn von
Bulach, résista pendant 66 jours au siège établi
par les Suédois. Après la
reddition de la ville, Benfeld devint le quartier général
de l’armée suédoise
en Alsace. A la mort du roi de Suède Gustave-Adolphe en 1632, la
puissance
suédoise se fragilisa et ces troupes commençèrent
à se retirer d’Alsace que
menaçaient déjà les armées Lorraines et
impériales. Richelieu décida alors
d’intervenir et de remplacer la tutelle suédoise par
l’occupation française. A
partir de novembre 1634, il se fait liver par ses alliés
suédois toutes leurs
places d’Alsace sauf Benfeld que ceux-ci tiendront jusqu’en 1650. Entre
1635 et
1640 la France étend peu à peu son autorité sur
toute la province. Cette
autorité est couronnée par la prise de Brisach le 18
décembre 1639. Cette date
marque la fin de la guerre pour la province d’Alsace qui va pouvoir
enfin
penser ses blessures et débuter la reconstruction[4]. En effet
les années 30 furent difficiles notamment à cause des
famines et des épidémies.
Beaucoup moururent, d’autres quittèrent la région. Les
campagnes furent
désertées et les champs d’un grand nombre de communes
restèrent en friche.
Dès
1640
une
administration nouvelle se met en place en Alsace avec des
gouverneurs de place et des intendants de justice, police et finances.[5]
Etant donnée l’état de la région à cette
époque, les
nouvelles autorités alsaciennes ont dû se soucier
très tôt d’attirer de
nouveaux immigrants pour repeupler les villages abandonnés.
Toutefois il est
probable que la plupart des mesures envisagées furent mises en
attente jusqu’à
la paix de Westphalie qui attribuait définitivement les terres
alsaciennes
occupées à la France. Nous ne connaissons pas le
détail des mesures prises pour
repeupler la province. Nous savons que plusieurs princes rhénans
tentèrent par
des ordonnances d’attirer des immigrants dans leur pays. Ainsi par
exemple on
connait l’avis aux propriétaires formulé par la
régence épiscopale de Saverne
de novembre 1650[6].
Un autre document, le mémoire de M. de Rosselange
(fonctionnaire lorrain d'après Reuss), nous révèle
qu'on invita des étrangers à
s’établir en Alsace. Il fut rédigé vers 1656 et
adressé au ministre Colbert. M.
De Rosselange affirme que les gouvernements de Hanau-Lichtenberg, de
Wurtemberg
et le gouvernement français envoyèrent (cela se passe
donc avant 1656) des
hérauts et des trompettes dans les pays voisins, invitant les
étrangers à
s'établir chez eux, en leur promettant que, sans payer aucun
cens, ils
pourraient choisir une maison et autant de terres qu'ils seraient en
état de
labourer et que pendant une certaine période, ils seraient
exempts de tout
impôt.[7]
Enfin, l’ordonnance royale de 1662, soit quatorze années
après la fin de la guerre apparaît comme la charte
officielle de la
reconstruction de l’Alsace en intégrant des
éléments des des ordonnances
précédentes[8].
Ces
divers
exemples
montrent comme nous le suspections que les efforts de
publicité pour attirer les étrangers datent
principalement des années 1650-60
et il est probable que peu ait était fait avant la fin de la
guerre. C’est
pourtant au allentours de cette période que la famille Egg est
arrivée à
Kertzfeld, donc parmi la première vague d’immigrants. Il semble
logique de
considérer que les premiers étrangers à arriver en
Alsace étaient ceux qui
avaient le plus souffert pendant la guerre et qui étaient donc
fortement démunis.
Les crises qui atteignirent la Suisse (crise économique en 1650
et jacquerie en
1653) amenèrent une seconde vague. Enfin après
l’ordonnance royale de 1662,
l’immigration gagna un nouvel élan et se
généralisa à tous les
profils, en incluant notamment des
ouvriers qualifiés dans les domaines liés à la
construction et de
l’architecture qui tous venaient tirer avantage des nouveaux avantages,
notamment fiscaux.
6
– La communauté
d’immigrés de Kertzfeld
D’après
les
registres
de la paroisse de Kertzfeld il semble que le village
ait peu souffert de la guerre. Bien sûr on constate comme partout
en Alsace un
certain renouvellement de la population après 1650, mais
beaucoup de familles
conservent une présence dans le village à travers toute
la guerre, comme par
exemple les très nombreux Andlauer. Cela bien sûr n’exclut
pas des périodes d’exil
temporaires, mais dans l’ensemble les registres commencés en
1597 ne montrent
aucune discontinuité durant cette période contrairement
par exemple à un
village comme Wingersheim où les registres rescapés ne
commencent qu’en 1639 et
encore avec de nombreuses lacunes. La relative préservation de
la communauté de
Kertzfeld peu surprendre, étant donné la présence
de l’état major suédois dans
la ville voisine de Benfeld. En effet, les suédois sont
restés tristement
célèbres pour leurs pillages à travers toute la
région; peut-être qu’aux alentours
directs de leur quartier général ils
protégèrent quelque peu la population
locale dans le but de créer un relative stabilité dans
cette zone.
Malheureusement je n’ai aucune information à ce sujet.
D’après
les
registres
paroissiaux il ressort que les immigrés de
Kertzfeld
avaient tendance à se regrouper. Ils se mariaient entre eux, et
se
choisissaient les uns les autres pour témoins, parrains et
marraines. Ainsi
Laurent Egg se marie avec une femme du Wurtemberg, probablement
rencontrée à
Kertzfeld ou dans un village voisin. Parmi les premiers immigrés
arrivés à
Kertzfeld il y avait aussi Adam Kuhn, forgeron qui apparaît dans
le village dès
1651[9].
Au début, Adam connaît peu de monde dans le village et
il choisit comme marraine de ses deux premiers enfants Eva Hüg,
none et soeur
du curé de la paroisse Jonas Hüg. Eva Hüg jouera
d’ailleurs souvent ce rôle
durant cette période. Toutefois dès 1654, Adam choisira
Elisabeth Carnle de
Brenndorf (probablement en Bohême[10])
comme marraine de ses enfants (1654 et 1656). Il y
avait un autre forgeron, Claus Dieters probablement le père ou
le frère de
Margaretha Dieters, femme d’Adam Kuhn. En 1659, Claus Dieters est
témoin au mariage
De Georges Leutner du Tyrol et de Marguerite Grinner de Suisse. Adam
Kuhn est
aussi proche de Paul Lehman, le boulanger qui apparait à la
même époque et qui
est probablement aussi un immigré.
La
famille Egg se rapproche assez vite de la famille Kuhn et les liens
entre ces deux familles ne feront que s’amplifier avec le temps. Ainsi
dès
1654, Martin Egg est choisi comme parrain du fils d’Adam Kuhn. Adam est
probablement un peu plus jeune que Martin. Trois ans plus tard en 1657,
Jacob
Egg choisit Margaretha Dieters, la femme d’Adam Kuhn, comme marraine de
son
premier enfant. Dans les années 1660-70, Jacob choisira
Jean-Jacques Kuhn puis
Laurent Kuhn comme parrain de ses enfants (probablement le premier et
second
fils de Adam Kuhn). De Même Jacob sera choisi comme parrain
d’abord par
Jean-Jacques puis par Laurent.
Il
est à noter que durant les années 1650, période
probable d’arrivée de
ces immigrés, aucun n’est agriculteur, ce qui signifie qu’aucun
n’a reçu de
terres. Cela peut signifier que le ban de Kertzfeld en contenait peu
où alors
qu’aucune terre n’était disponible contrairement à la
région plus dévastée du
Kochersberg. Un indice nous est donné par une liste des familles
du village
établie vers 1655 où ne figurent ni Egg ni Kuhn, ce qui
montre bien que
plusieurs années après leur arrivée, ces nouveaux
venus n’étaient pas encore
considérés comme de véritables résidents du
village.
7-
Le messager du village
Jacob
Egg
était
le messager du village, ou plutôt un de ses
messagers, car
il semble bien qui si les petits villages avaient en
général un seul messager,
Kertzfeld en avait au moins deux[11].
Malheureusement les registres indiquent rarement la
profession et la première fois que celle de Jacob est
mentionnée est à sa mort.
Il est donc impossible de savoir s’il a exercé d’autres
activités avant de
devenir messager. Toutefois, étant donné le peu de
formation qu’un tel métier
nécessite, il improbable qu’il ait exercé une quelconque
profession artisanale
comme forgeron ou boulanger, professions à formation
spécifique et donc mieux
considérés sur l’échelle sociale. Il est probable
qu’à son arrivée au village,
Jacob était journalier, vivant de petits travaux ça et
là jusqu’à ce qu’une
opportunité de messager lui donne sa profession
définitive.
Sous
l’ancien
régime
le messager (nuntius en latin) est
l’ancêtre du
facteur. Il
acheminait régulièrement des envois à pied,
à cheval
ou en carriole. S'il s'agissait d'un cas d'envoi spécial ou
particulier, on
l’appelait messager express (Expresser en allemand, nuntius
proprius en
latin). Les messagers étaient employés par un seigneur,
par un village ou une
ville, ou travaillaient simplement sur demande pour des personnes
individuelles. Dans ce dernier cas les tâches du messager
« privé »
(Privatbote) se résume le plus souvent à se rendre
à la ville voisine pour les
achats de commerçants ou autres, pour chercher des
médicaments, des provisions
ou fournitures.[12]
Pour les habitants du village de Kertzfeld il est clair que la ville
voisine de
Benfeld constituait le pôle local le plus important d’autant plus
que Benfeld
constituait un relais important sur la route de Strasbourg à
Belfort qui
passait par Fegersheim-St-Ludan, Benfeld, Sélestat,
Guémar, Colmar, Issenheim,
Aspach-le-Bas et Belfort. L’autre grande route du sud, celle du Ried,
passait
plus à l’est et longeait le de Rhin par Krafft, Friesenheim,
Marckolsheim, Brisach,
Ottmarsheim et Bâle. Ces routes étaient jalonnées
tous les 15 km environ d'un
relais dirigé par un maître de poste (cf carte 3).
Au
début du XVIIe
siècle, la route de Belfort était la plus importante mais
celle-ci perdit
quelque influence au cours de la guerre de trente ans, probablement du
fait de
la présence suédoise à Benfeld. Ceux-ci se
retirèrent finalement en 1650 et après
1648, les fonctions des maîtres de poste sont confirmées
par des brevets
royaux, renouvelés en fonctions de vacances. Par exemple le
brevet de
confirmation du maître de poste Walter (1775) pour le relais de
Marckolsheim disait
: « Aujourd'hui vingt et unième du mois de may mil
sept cent soixante et
quinze, le Roy étant à Versailles, Sa Majesté
étant bien informée de l'expérience,
diligence et fidélité du nommé François
Joseph Walter, Elle l'a choisi et
commi(s) pour exercer avec gage pendant le temps qu'il lui plaira la
place de
Maître de Poste de Marckolsheim, Généralité
de Strasbourg, vacante par la
révocation du nommé Breithel, etc. »
Ces
relais,
outre
l'habitation
du maître, comprenaient une écurie, une
grange et une cour, et
bien souvent une auberge. En France c'est Henri III (1574-1589) qui mit
les
messageries royales au service des particuliers. Les chevaux
étaient mis en
priorité à la disposition des courriers de la poste aux
lettres, des
messageries et à partir de Henri IV (1589-1610) des voyageurs.[13]
Il hautement probable que
la majorité des tâches de Jacob Egg en tant que messager
du village de
Kertzfeld, consistait à faire la navette entre son village et
Benfeld et son
relais. Les marchandises venant du nord et du sud à destination
de Kertzfeld y
étaient probablement mises en dépôt et Jacob se
serait alors chargé du
transport local.
Par
une
chance
extraordinaire,
il se trouve que l’ancien relais de poste de Benfeld
existe
encore, ou du moins celui du 18e siècle (1742), dont
certaines
parties ont été rénovées
postérieurement (1784 et 1904 avec l’ajout de l’étage).
Ce relais, l’un des mieux conservé en Alsace, est probablement
similaire à
celui qui l’avait précédé et que
fréquentait Jacob Egg dans la seconde moitié
du 17e siècle. Les bâtiments du relais
s’organisent autour d’une
vaste cour. L’un d’eux servait d’écurie, l’autre abritait la
traditionnelle auberge
(à l’enseigne du « Canon »), et le
troisième servait de logis aux
propriétaires. Deux portes cochères assez grandes pour
laisser passer les
diligences se font face.[14]
Comme
dans
toutes
les
confréries et corporations, les maîtres de poste des
différents relais avaient
tendance à se fréquenter et à se marier entre eux.
Ainsi sur les deux route
citées on constate les unions entre les familles de
maîtres de poste suivantes:
Waldéjo ( relais de Fegersheim / St-Ludan) avec Walter; Walter
(Krafft / Friesenheim
/ Marckolsheim) avec Zimmerman; Zimmerman (Aspach / Issenheim) avec
Denger
(Sélestat); Breithel (Marckolsheim) avec Weyh - Richemond -
Ebel; Ebel
(Benfeld) avec Stackler; Stackler (Benfeld) avec Barthelmé -
Walter; Held
(Guémar) avec Breithel.[15]
Pour
se
faire
une
idée du fonctionnement de ces relais au 17e
siècle on peut citer un
texte du 17 janvier 1621 qui indique qu’un courrier est parti de la
Régence
d'Ensisheim à 16 heures. Ce grand paquet, comme le
précise le bulletin, était
destiné à l'Archiduc Ferdinand II (1578-1637), "notre
dévoué
Seigneur", alors évêque de Strasbourg. Arrivé
à Marckolsheim le lendemain
à 14 heures, le paquet fut remis immédiatement au
postillon de Benfeld. A
Benfeld, le maître de poste nommé Hans Carl Ebel, notait
sur le bordereau :
"reçu à Benfeld le 18 janvier à 6 heures du soir
un grand paquet qui fut
aussitôt remis et réexpédié à
Cheval". L'étape suivante devait être
Hindisheim ou St-Ludan où le paquet arriva à 22 heures. A
cette époque, le
relais de Marckolsheim était entre les mains d'un nommé
Ehrhard Martin; nous
avons une supplique de sa part datée du 12 juillet 1621. Par un
courrier de la
Régence de Saverne du 15 décembre 1622, le maître
de la poste aux chevaux est
autorisé à servir à boire aux voyageurs sous la
condition qu'il verse à la
ville de Marckolsheim les taxes s'y rapportant (Umgeld ou angal ou
encore
accise).[16]
Les
voyageurs
n’étaient
pas
les seuls à profiter des services de
l’auberge des relais. En
effet la réputation des messagers ne semble pas avoir
été toujours tout à fait
irréprochable. On se plaignait souvent qu'ils buvaient trop,
étaient peu
fiables et bavards. Sebastian Brant[17],
juriste
et
humaniste,
publia en 1494 son chef-d'oeuvre « Das
Narrenschiff » (la nef des
fous), qui le rendit célèbre dans l'Europe
entière. Il y consacra un chapitre
au Botenläufer (messager) et écrit par example:
“die Briefe dreimal er
umdrehte
(les lettre
il les retourne trois fois
Ob er erspähe, was er trage
pour voir ce qu’il
transporte
Und was er weiß, bald weiter sage„
Et ce qu’il sait, aussitôt il
le répète)
8-
Benfeld au 17e siècle
Il
est difficile
d’avoir une idée précise de l’apparence de Kertzfeld au 17e
siècle,
puisqu’ aucun bâtiment de cette époque n’a survécu.
Par contre ce n’est pas le
cas de Benfeld où Jacob Egg fut probablement souvent
amené à se rendre. Après
le départ des suédois, les fortifications de la ville
furent rasées en vertu du
traité de Westphalie. Il ne subsiste alors que l’ancien mur
d’enceinte et les
deux portes intérieures. Benfeld devint ville ouverte. Parmi les
monuments
rescapés du 17e siècle, du moins en partie, il
y a d’abord l’église
Saint-Laurent dont le cœur date du Moyen Age. Ses fonds baptismaux du 15e
siècle proviennent du couvent de l’ancienne ville romaine
voisine d’Ehl. Place
de la République, se trouve un ancien grenier à
céréales (maison du crédit
mutuel) qui servait de cellier à la commune jusqu’en 1649, date
à laquelle il
fut vendu. Place Aristide Briand, le promeneur verra un ancien puit
à potence
du 16e siècle qui se trouvait sur le domaine de
l’évêque de
Strasbourg. Rue du Faubourg-du-Rhin se trouve une vieille tour du 16e
siècle, vestige de l’ancienne tuilerie mentionnée
dès 1540. L’hôtel de ville
date de 1531, du temps où la ville était sous
l’autorité des princes évêques de
Strasbourg. Sa tour fut ajoutée en 1619. La maison des baillis,
rue Clémenceau
date de 1562. Les baillis étaient des officiers de robe ou
d’épée chargés de
rendre la justice au nom du seigneur ou du roi. Il y a aussi la maison
d’Andlau, 4 rue du général de Gaulle, datant de 1566 qui
à vraisemblablement
appartenu à la famille d’Andlau, le châtelet, cosntruit
par le gouverneur de
Benfeld en 1620 et occupé par les suédois de 1632
à 1650 et les bâtiments de
l’hôpital construits à l’emplacement de la
léproserie en 1625 par le gouverneur
de Benfeld et qui ne devinrent un hôpital que plus tard. Tous
ceux lieux
existaient déjà au 17e siècle et
peuvent aujourd’hui encore donner
une idée au promeneur de ce qui faisait la splendeur de Benfeld
du temps où
Jacob Egg arpentait ces ruelles entre deux commissions.
9-
Les dix premières années du couple (ca1655-65)
Le
contexte économique
régional de cette décennie est marquée par le
reconstruction sous protection
française. En 1661 avec la mort du cardinal Mazarin commence le
règne personnel
de Louis XIV et l’appointement de ministres efficaces comme Colbert. En
novembre 1662 est formulé l’édit appelant les
étrangers à venir repeupler
l’Alsace. Ne faut-il pas faire connaître aux peuples d’Alsace
déclare le
monarque « qu’ils ne Nous (sont) pas moins chers que nos
anciens et
naturels sujets ? »[18]
Toutefois cette période
de paix est également marquée par une forte
déflation, un marasme du à la peur
incessante de la disette et au manque de dynamisme urbain.[19]
D’autre part la paix est
encore instable. L’empereur n’a pas abandonné ses visées
sur l’Alsace et les
grandes villes comme Strasbourg et Mulhouse sont toujours
indépendantes. A
kertzfeld l’instabilité de l’époque se traduit par la
valse des prêtres à la
tête de la paroisse. Ainsi Urban Braun de Lutzelburg
succède à Jonas Hug de
Haguenau (dont nous avons déjà parlé) en 1656.
Udalric Sarburgh de Sirecensis
lui succède à son tour en 1662, l’année suivante
arrive Jean Frédéric Linder de
Brisgorius, et en 1666 Jean Mathias Saur prend les commandes de la
paroisse. 5
prêtres en dix ans soit un nouveau tous les deux ans.
Durant
cette
première
décennie
passée à Kertzfeld, Jacob
Egg (la trentaine) et Maria
Andlauer (la vingtaine) auront trois filles, Maria dont nous
avons déjà
parlée (né en 1657), Catharina (née en
1660) et Anna (née en
1663). Pas de garçon malheureusement pour Jacob durant cette
période.
Socialement, le couple reste discret dans le village et pas une fois
Jacob ou
Maria ne sont témoins à un mariage ou
décès, ni parrain ou marraine à un
baptême. Par contre le couple Adam Kuhn et Margaretha Dieters,
plus âgés et
comptant probablement parmi les premiers immigrés arrivés
à Kertzfeld, furent
choisis à plusieurs reprises comme parrain et marraine dans les
années 1650.
Ainsi Margaretha est marraine des deux premières filles de Jacob
et dès 1663
Jacob choisi comme parrain de sa fille Jean-Jacques Kuhn, probablement
fils
aîné de Adam Kuhn, et successeur du clan familial. Jacob
avait choisi un
certain Jean Duringer comme parrain de ses deux premières filles.
10-
Une
nouvelle
famille (1665)
Le
25 juin 1665
Maria Andlauer, femme de Jacob Egg, décède à
l’âge de 32 ans environs. Nul
doute que ce décès dans la force de l’âge
résulte des conditions précaires de
l’époque et notamment d’un contexte européen de disette
larvée. D’ailleurs
Maria n’est pas la seule victime de ces temps difficiles.
L’année suivante le
prêtre Linder et Margaretha Deiters, femme d’Adam Kuhn le
forgeron décèdent à
leur tour. Margaretha avait 50 ans.
En
dépit de ce deuil,
Jacob Egg sera remarié avant la fin de l’année.[20]
Le généalogiste débutant
est toujours surpris de constater la vitesse avec laquelle veufs et
veuves de
l’ancien temps se remariaient après le décès de
leur conjoint. En vérité, ce
fait résulte moins d’un manque de compassion pour l’être
perdu qu’une nécessité
économique. En 1665, Jacob Egg avait trois filles en bas
âge (l’aînée avait 8
ans). En tant que messager, il passait son temps sur les routes (et un
peu dans
les auberges des relais). Il n’avait pas de famille à
proximité et il lui fallut
donc trouver une solution rapidement.
Il
la trouva en la
personne d’Anna Siebolt, fille d’Adam Siebolt de Herbsheim. La
profession
d’Adam Siebolt m’est inconnue mais le fait que ses héritiers
firent un
inventaire après son décès indique qu’il
était relativement aisé. En effet,
traditionnellement seules les familles les plus influentes d’un village
commandaient des inventaires notariés après
décès. Ce mariage constitue sans
nul doute un changement de fortune pour le messager discret de
Kertzfeld.
L’acte n’étant pas enregistré à Kertzfeld, le
mariage dut avoir lieu à
Herbsheim. Toutefois il est certain qu’Anna vint s’installer chez Jacob
à
Kertzfeld.
11- Calme relatif avant une nouvelle tempête
(1665-73)
Durant
ces
années
de
paix, la situation économique est analogue à la
décennie précédente; chute
des prix agricoles, dans un contexte de disette larvée. Ainsi La
peste reprend
dès 1667 à Colmar, Ostheim et Guémar. En mars 1668
elle touche à nouveau
Ribeauvillé et rappelle les tristes souvenirs des années
30. L’intendant
Colbert organise lui-même la lutte, fixe le régime
alimentaire des malades
qu’il fait rassembler dans l’église paroissiale convertie en
hôpital. Il faut
attendre février 1669 pour qu’il autorise les
habitants « à sortir de
la ville pour vaquer à leur commerce ordinaire… ».[21]
Durant
les
périodes
de
crises et de disettes il n’est pas surprenant de constater une
augmentation
des décès. Ce qui est plus curieux c’est l’augmentation
simultanée des
mariages. On peut voir dans ce fait un réflexe de consolidation
des noyaux
familiaux, comme si on pensait que les familles étaient mieux
protégées des
vicissitudes des crises que les individus isolés. Ainsi en
juillet 1666, 2 mois
après la mort de sa femme Margaretha, Adam Kuhn qui doit alors
avoir un âge
avancé se remarie avec Barbara Stein, veuve de Benfeld.
Egalement en juillet
1666, Georges Siebolt, frère de Anna et beau-frère de
Jacob Egg, s’installe à
son tour à Kertzfeld et se marie lui aussi avec une veuve, Anna
Simon. Trois
ans plus tard en 1669, meurt à Herbsheim Adam Sinbolt,
père de Anna et Georges.
Il est probable qu’à la suite de ce décès et de
l’inventaire notarié qui
suivit, Anna et Georges durent toucher quelque héritage.
Période
paradoxale
donc,
marquée
par le rythme des décès, et des
mariages sur fond de calme
précaire et de la peur du lendemain. En 1672 Henri Brünn,
le nouveau prêtre
originaire de Westphalie qui vient de remplacer Jean Mathias Saur
probablement
décédé lui aussi, déplore à peine
arrivé dans sa nouvelle paroisse le décès de
sa jeune sœur Elisabeth âgée de 18 ans. Le prêtre
lui-même connaîtra le même
sort à peine trois plus tard.
Pour
Jacob
Egg
il
semble que les années passent et se ressemblent puisque durant
cette période,
le messager vieillissant de Kertzfeld (la quarantaine) devient
l’heureux père
de trois nouvelles filles : Eva (née en 1666) Barbara
(née en 1668) et
Elisabeth (née en 1672). En 1672 Jacob est donc à la
tête d’une famille de sept
femmes ! Les parrains de ces nouveaux enfants sont Adam Kuhn (pour
Barbara)
et son fils Jean-Jacques (pour Eva et Elisabeth). Son attachement pour
cette
famille (ou son manque de connaissances) le poussera même
à choisir en 1672 en
plus de Jean-Jacques comme parrain, sa femme Maria Gartner comme
marraine de sa
fille Elisabeth. Jacob, lui, devra
attendre 1673 pour devenir enfin parrain, en l’occurrence du rejeton de
Jean-Jacques Kuhn. Toutefois, il faut bien reconnaître que dans
l’ensemble la
reconnaissance de Jacob Egg au sein de la communauté de
Kertzfeld est assez
faible et qu’il tira peu d’avantage de son second mariage. Ainsi, ni
lui ni sa
femme ne seront choisis comme parrain ou marraine des enfants de son
beau frère
Georges Siebolt (en 1667 et 1672) pourtant récemment
installé dans la paroisse.
Jacob Egg reste donc le modeste messager du village.
12
– Reprise de la guerre (1672-1681)[22]
Le
traité de
Westphalie de 1648 avait abouti à une situation ambigue pour
l’Alsace. En se
mettant sous la protection du roi, les villes de la décapole
n’entendaient pas
moins rester sous les lois de l’empire, seules garanties à la
conservation de
leurs privilèges. Quant à l’empereur, il espérait
bien réintégrer l’Alsace dans
son giron à la première occasion. Celle-ci ne tarda pas.
En effet la guerre de
hollande avait été préparée de longue date
du point de vue diplomatique et
militaire. La rupture avec l’empire devenue inévitable, le roi
se rend en
personne en Alsace et occupe les villes en août 1672. Les armes
des bourgeois
sont confisquées, les murs de Colmar et Sélestat
rasés, ceux d’Obernai, de
Rosheim, de Haguenau, de Wissembourg et de Landau largement
éventrés. Le roi
considérant sa position en Alsace comme défensive, il
fait détruire le pont du
Rhin en décembre de la même année. Mais celui-ci
sera reconstruit. Ainsi après avoir
supporté d’abord
l’occupation militaire, la province subira les marches et contremarches
des
belligérants.[23]
En
décembre 1673,
alors que les armées royales sont occupées en Hollande,
l’armée impériale passe
le pont de Strasbourg en grande pompe et occupe progressivement
Sélestat,
Colmar, Obernai et Munster. Turenne survient alors au secours de la
province
grâce à une campagne d’hiver particulièrement
audacieuse : venant du nord,
il longe les Vosges et par un mouvement tournant débouche en
Alsace par la
trouée de Belfort. Il surprend les impériaux à
Turckheim le 5 janvier 1675 et
les chasse du pays. Ceux-ci sont contraints de repasser le Rhin.
Pourtant
la
mort
de
Turenne en juillet de la même année provoque un nouveau
tournant. Le gouverneur
de Strasbourg ouvre le passage aux impériaux qui occupent
bientôt Obernai et
Rosheim. L’armée impériale se dirige alors vers le nord.
Louvois n’aura raison
de cette nouvelle invasion que par une sinistre politique de terre
brûlée. Il
ordonne de détruire Wissembourg et Haguenau. Cette
dernière est incendiée en
octobre 1677. Peu après les impès les impériaux
procèdent à une troisième
invasion et occupe à nouveau Colmar. L’invasion prendra fin avec
la prise de
Fribourg par Créqui (1677). Le traité de Nimègue
(1679) permet aux vainqueurs
français de procéder à l’occupation et à
l’annexion systématique des
territoires de la province qui culmine avec la prise de Strasbourg en
septembre
1681. Le 23 octobre le roi fait son entrée dans la ville et
assiste au Te Deum
dans la cathédrale
« réconciliée » et rendue au culte
catholique.
Si
cette date
marque la fin des opérations militaires en Alsace, la guerre ne
sera
officiellement achevée qu’en 1684 quand l’empereur,
menacé à l’est par les
turcs, signe la paix de Ratisbonne. Durant cette période les
français se
rendirent tristement célèbre par leur brutalité.
Le peintre et chroniqueur
Walter juge sévèrement les
libérateurs : « Nos amis nous ont
traité d’une façon infiniment plus cruelle que nos
ennemis ».[24]
La
carte 4 de
l’annexe montre que Kertzfeld et sa population se trouvent au cœur des
opérations militaires et sont donc particulièrement
vulnérable aux méfaits de
la soldatesque, particulièrement celle des français qui
ne considèrent pas
encore l’Alsace comme une de leur provinces mais plutôt comme une
prise de
guerre destinée au pillage. Il n’est donc pas surprenant de
constater la
multiplication des décès à Kertzfeld, à
commencer par son curé. Pendant 10 ans
Kertzfeld n’aura plus de curé et sa paroisse sera servie par le
curé Nifsel de
Benfeld. Celui-ci écrit dans le registre de la commune :
« Sub
me
Hoc
Michaele
Nifsel Benfeld Parocho in Kertzfeld ab Anno 1675 vsg 1685.
Subsequentes
Mortui & Ecclesia Sacramentis pie muniti sunt Belli – Pacis tempore
vel a
me vel per vicinum meum P. Placidum ex Wesoplerigs 1675 morbo Ungarico
lethali
Correpto vel in Bello vel in Exilio obierunt Quorum Anima Requiescant
in
pace »[25]
« Je
soussigné
Michel
Nifsel
de Benfeld, officiant à Kertzfeld de
l’année 1675 à 1685.
Les
personnes
suivantes
sont
mortes en temps de guerre ou de paix et ont reçu
les pieux
sacrements de l’église par mes soins ou par ceux de mon voisin
le Père Placidus
originaire de Westphalie ( ?) atteint mortellement par la maladie
hongroise (tuberculose) en 1675. Ils ont été
emportés par la guerre ou la
famine. Que leur âme repose en paix. »
Durant
cette
période,
si
le curé Nifsel a bien donné les
derniers sacrements aux défunts de
la paroisse orpheline, on peut se demander pourquoi ces
décès n’ont pas été inclus
immédiatement sur le registre du village. On peut donc penser
qu’il se
déplaçait rarement à Kertzfeld, et en tout cas pas
pour les décès comme l’atteste
la simple liste des morts où aucune date n’est mentionnée
mais seulement le nom
et l’âge approximatif du défunt. Ces personnes ont sans
nul doute été enterrés
de manière sommaire et les sacrements de l’église n’ont
probablement été
prononcés qu’à posteriori. L’inclusion de la liste
globale des décès sur le
registre n’a lieu qu’en 1685.
Ces petits problèmes d’intendance,
n’empêchent le cycle de la vie et de la mort de continuer son
cours dans le
village alsacien. Ainsi en 1673, peu de temps après la brutale
intervention du
roi de France en Alsace, Jean-Jacques Kuhn, premier fils du forgeron,
est l’heureux
père de son premier enfant, Maria. Il choisit son ami et ami de
son père, Jacob
Egg comme parrain. C’est la première fois que le messager du
village est choisi
dans cette fonction, ce qui atteste une fois de plus des liens entre
les deux
familles. L’année suivante, en pleine offensive
impériale, Jacob devient enfin
l’heureux père d’un garçon, Jean-Jacques, dont le parrain
bien sûr est
Jean-Jacques Kuhn. Cette joie pourtant est de courte durée
puisque en 1675, Jacob
perd son seul fils et peu après sa petite fille Barbara
âgée de sept ans. Ces
décès sont sans doute la conséquence des campagnes
militaires de l’année 1675.
Durant cette période il est probable que Jean-Jacques Kuhn
quitte le village,
puisqu’il n’apparaît plus sur les registres. En avril 1676, Jacob
célèbre la
naissance de son second fils Laurent, et choisit pour parrain Laurent
Kuhn,
probablement le jeune frère de Jean-Jacques Kuhn. Le fait que
Jacob ait choisi
les noms de Jean-Jacques et Laurent pour ses deux fils,
précisément les prénoms
des deux fils Kuhn est une indication supplémentaire de
l’influence de la
famille Kuhn sur la famille Egg. Laurent Kuhn se marie un mois plus
tard, le 5
mai avec Maria Kipp. Il succède ainsi à son père
Adam et son frère aîné comme
principal ami de confiance de la famille Egg.
Durant
cette
période
lorsque
se produisent des évènements
heureux, les souffrances de la
guerre et de la misère ne sont jamais loin. Ainsi cette
année 1676 verra aussi
la mort à 33 ans de Georges Sibolt, le jeune beau-frère
de Jacob, ainsi que de
sa petite fille de 4 ans, laissant derrière lui une veuve et un
petit garçon de
9 ans. Cette année correspond d’ailleurs à la culmination
de la montée des prix
qui s’était amorcée durant les années de guerre.
L’Alsace est d’autant plus
touchée que le la guerre a provoqué la fermeture du Rhin,
voie commerciale
naturelle de la région.[26]
Après 1676, on enregistre une
descente des prix par paliers qui s’abîme en 1688 au tiers des
prix de 1676.[27]
Pour les familles Egg et
Kuhn, cette période de fin de guerre est marquée par un
répit dans le cycle
infernal des guerres et des disettes. Alors que la guerre glisse vers
sa fin
avec la consécration de la victoire française et de
l’appartenance de l’Alsace
à la France, la province lentement pense ses blessures. Durant
cette période,
Anna, femme de Jacob, donne naissance à deux nouvelles filles,
Madeleine en
mars 1679 et Anna Ursula en avril 1681. Il semble qu’entre ces deux
dates, un
refroidissement s’opère entre les familles Egg et Kuhn. En
effet, Laurent Kuhn
est choisi comme parrain de Madeleine pas comme celui d’Ursula. De
même Laurent
choisit Jacob comme Parrain de son fils Laurent qui naît en 1679
mais fait un
autre choix pour son fils Mathias qui naît en
février 1681. D’ailleurs après 1680, il n’existe
plus de lien (témoin,
parrain ou marraine) entre les deux famille. Peut-être qu’une
dispute est à
l’origine de cette coupure brutale, où alors une simple
divergence entre les
générations. En février 1681, Laurent a pu
considérer que Jacob Egg était dorénavant
trop vieux pour être parrain et son fils bien sûr trop
jeune. Il aurait ainsi
choisi une autre relation comme parrain et deux mois plus tard Jacob
aurait
fait de même pour Ursula. Cette logique aurait alors
été répété par la suite.
Cette année 1681 qui marque la
naissance du dixième et dernier enfant de Jacob Egg, et qui
cèle aussi la
fin d’une amitié de plus de vingt cinq ans entre les deux
familles d’émigrés, se
trouve également coïncider par les hasards de l’histoire,
avec la fin de la
longue association entre Strasbourg et l’empire germanique. Ainsi en
septembre,
les troupes de Monclar entrent dans la ville, et mettent un terme
à un chapitre
de l’histoire de Strasbourg commencé 800 ans plus tôt.
13-
La
paix,
enfin
Suite
à
la
récente
vague de destruction, interviennent plus précisément pour
la Basse-Alsace les
édits de défrichement de 1682, 1685 et 1687. Ces
défrichements ne sont pourtant
accompagnés d’aucune mesure fiscale. Il s’agit plus de remettre
au travail que
de repeupler.[28]
Pour les alsaciens, la combinaison des mauvaises récoltes, des
mutations
monétaires reprise après 1682, de la déficience
des transports et de la
fermeture des frontières rend la subsistance des travailleurs
toujours aussi
difficile.[29]
Ces
difficultés
ne
facilitent
pas la vie de la famille Egg. Jacob vient de passer le cap
de 55
ans.
Il
y à au village
au mois un autre messager d’environ 35 ans qui pousse probablement
Jacob
lentement vers la sortie. Pourtant Jacob a toujours une famille
nombreuse à
nourrir, à savoir une femme et huit enfants. A l’aube de la
vieillesse, il lui
faut penser à l’avenir de sa famille et trouver de nouveaux
alliés.
A suivre...
DEUXIEME GENERATION
Laurent
EGG,
tisserand
(1681-16)
[1] “The Thirty
Years’ War
1618-1648”, Osprey Publishing – p35.
[2]
La rivière Morava marque la frontière actuelle entre
Tchéquie et
Slovaquie.
[3]
Il meurt en 1687 à l’âge de 60 ans environ.
[4]
“Histoire de l’Alsace” Privat – p274-75.
[5]
“Histoire de l’Alsace” Privat – p275.
[6]
“Histoire de l’Alsace” Privat – p287.
[7]
"L'immigration Suisse dans le Comté de H.L.” Bodmer p. 13
[8]
“Histoire de l’Alsace” Privat – p287.
[9]
L’origine d’Adam Kuhn est incertaine car je n’ai pu déchiffrer
le lieu.
C’est peut-être Rosenheim en Rhénanie.
[10]
J’ai trouvé la trace de 2 villages anciennement appelés
Brenndorf. Le
premier se trouve en Bohême, près de la frontière
avec la Bavière (nom tchèque:
Spalena près de Novy Kostel (anciennement Neukirchen)). Le
second est en
Roumanie (Colonia Bod), mais celui-ci se trouvait en dehors de l’empire
au
XVIIe siècle.
[11]
Jacob Egg, 60 ans, messager du village meurt en 1687. Jacob
Löscher,
50ans, messager du village meurt en 1695. Entant donné leurs
âges, il est
fortement probable que les deux Jacob étaient messagers
simultannément, même si
Jacob Löscher, plus jeune d’une petite vingtaine d’années
ait pu être considéré
comme “l’apprenti” et le successeur naturel de Jacob Egg.
[12]
Rudi Palla, Das Lexikon der untergegangenen Berufe, Frankfurt 1998;
Grimm,
Deutsches Wörterbuch; etc. Informations
fournies
par
Mr.
Dieter Duill via Geneaweb.
[13] Site internet « Des relais de la
poste aux chevaux établis principalement le long de la route du
ried »
publié également dans le no124 du cercle
généalogique d’Alsace.
[14] “Le patrimoine des communes du Bas-Rhin”
– Benfeld p85.
[15] « Des relais de la poste aux
chevaux établis principalement le long de la route du
ried »
[16] « Des relais de la poste aux
chevaux établis principalement le long de la route du
ried »
[17]
Sebastian Brant (* Strasbourg 1457, + ibid. 1521)
[18] “Histoire de l’Alsace” Privat – p287-8.
[19] “Histoire de l’Alsace” Privat – p291.
[20] Je n’ai pas trouvé l’acte de mariage mais
une fille lui naît le 7 septembre 1666, ce qui suggère un
mariage avant le jour
de l’an.
[21] “Histoire de l’Alsace” Privat – p286.
[22] Cf Annexe - carte 4
[23] “Histoire de l’Alsace” Privat – p279.
[24] “Histoire de l’Alsace” Privat – p280.
[25] Registres paroissiaux de Kertzfeld.
[26] “Histoire de l’Alsace” Privat – p291.
[27] “Histoire de l’Alsace” Privat – p292.
[28] “Histoire de l’Alsace” Privat – p288.
[29] “Histoire de l’Alsace” Privat – p291