Catherine Hoenen

s'Valdes de Hohatzenheim

 

Une dynastie paysanne de 350 ans

 

par Marc MATHERN et Bertrand JOST

 

 

Situé au N°3 de la rue du Village cette ferme tire son « Hoftname » du prénom Valentin qui était porté par le propriétaire de la ferme dans les années 1740. Il est à noter que même si depuis le milieu du 17ème siècle les patronymes CLAUS, SCHNEIDER, HOENEN et GOETZ se sont succédés dans cette ferme il s’agit d’une seule et même dynastie paysanne qui y aura œuvré dans cette exploitation agricole pendant plus de 350 ans. Nous vous proposons d’en retracer l’histoire au fil du contexte local et historique.

 

Description de la ferme actuelle

 

Le promeneur qui déambule le long des rues rectilignes du petit village de Hohatzenheim sera probablement surpris par l’apparence de la ferme du no3 de la rue du village mieux connue sous le nom de « s’Valdes ». En effet si les familles successives qui ont habité ce lieu ont souvent joué un rôle important dans le village, on ne peut être qu’étonné de la structure décousue de cette ensemble. Cette ferme s’articule autour de la maison d’habitation construite le long de la rue du village mais curieusement placée en retrait par rapport à cette rue et de manière non parallèle au bas côté qui suit pourtant fidèlement le ruisseau du village (cf plan no1). Autre curiosité, sur la gauche, une grille métallique de type moderne donne accès à la cour. S’Valdes est en effet une des rares fermes du village qui n’a pas de porche en pierre.

 

Lorsqu’on pénètre dans la cour on reconnaît une structure plus traditionnelle, avec des bâtiments disposé en « U ». Toutefois on est surpris par l’hétérogénéité des ces constructions. En effet au nord vers la rue du village se trouve la maison à colombages datant probablement du début du XIXe siècle ainsi qu’un petit entrepôt datant du début du XXe siècle. Une grange construite vers 1930 occupe la partie ouest vers la rue du Renard. Celle-ci contient la cave à vin et l’ancien pressoir. Au sud, un hangar métallique récent longe la propriété s’Schultze. Enfin à l’est, une grande étable moderne orientée nord-sud « ferme » cet ensemble, juste à l’angle de la rue du maire. La grange puis la nouvelle étable ont successivement remplacé le premier puis le second jardin qui existaient à côté de la ferme. Il peut paraître difficile à première vue de discerner un fil conducteur dans la structure de cet ensemble, tant cette ferme semble avoir été remaniée au fil du temps. Ainsi l’un des buts de cette étude, est d’essayer d’en retrouver la logique et la chronologie.

 

Première génération - Hans CLAUS (ca1584-1663(2 ?))

Dans l’état actuel des recherches la 1ère description de la propriété se trouve dans le livre terrier de Hohatzenheim établi le 16 févier 1657.

Item eine behaubung, scheur, stall und gartten einseit neben dem Allmendt, anderseit neben Georgen MATZen, hinden uf die fuchsgab, vornen uf die hetzels gab.“

 

Une habitation, grange, étable et jardin d’un côté le communal de l’autre à côté de Georges MATHIS, derrière sur la rue du Renard (Fuchsgass), devant sur la rue « Hetzel ».

 

Il est noter que la rue du Renard existe encore aujourd’hui, la rue Hetzel devint la Schulzengasse puis la rue du Maire, tandis que le communal devint la Dorfgasse puis la rue du Village.

 

 

A cette époque, la ferme était habitée par la famille de Hans Claus, échevin  (Gerichtschoeffe) au village. Hans CLAUS est né à la fin du 16ème siècle (peut-être vers 1584). Il épousa Margaretha (née vers 1614) fille de Diebolt Clausen. Cité en 1657 dans le terrier de Hohatzenheim il est le plus ancien propriétaire connu. Il est décédé le 20 mai 1663 à Hohatzenheim. C’est son fils Hans qui lui succèdera. Sa femme décèdera 2 ans plus tard, le 6 juin 1665 à l’âge de 51 ans.

 

Origine de la famille 

Le terrier de 1657 fut réalisé durant la période de reconstruction de la province après la guerre de trente ans (1628-1648). Cette guerre fut particulièrement dévastatrice pour la région du Kochersberg et ses habitants. Ainsi le curé Foesser note dans son ouvrage sur Wingersheim et ses filiales qu’en 1632 Hohatzenheim ne comptait plus que deux habitants. En effet comme les campagnes étaient peu sûres, beaucoup de villageois se réfugiaient dans les villes. Ainsi, Georges Mathis, le voisin de Hans Claus a fui à Strasbourg où il s’est marié en 1646 alors qu’il exerçait le métier d’aubergiste. Il n’est revenu au village que durant les années 1650. Il est donc probable que si Hans Claus est originaire du village, il ait lui aussi connu quelques années d’exil.

 

A cette époque, Hohatzenheim est un village protestant (depuis 1545), et filiale du village voisin de Mittelhausen. En cette période de reconstruction, les nouvelles autorités françaises stimulent l’immigration et les deux villages attirent particulièrement des émigrés protestants. On est surprit en consultant les registres de Mittelhausen, du nombre d’étrangers établis dans ce village durant ces années d’après guerre, surtout venus de Suisse (calvinistes) et d’Allemagne (luthériens). On note que ces immigrés semblent installés pour la plupart a Mittelhausen ce qui suggère que Hohatzenheim ait été repeuplé par une population locale. La famille Claus, quant à elle est toujours mentionnée sans origine se qui suggère qu’elle est native du village ou des environs. De plus la responsabilité d’échevin semble conforter un établissement local depuis au moins une génération. Il n’existe pas de registres antérieurs à la guerre de trente ans mais parmi la liste des villageois de Hohatzenheim ayant demandé le droit de bourgeoisie entre 1440 et 1530 on note pour l’année 1463, qu’un certain « Martins Claus reçoit le droit de bourgeoisie de son épouse Ennelin, fille de Buren, le forgeron décédé le 5 décembre 1463. » Cela bien sûr ne prouve rien surtout étant donné la fréquence de ce patronyme dans la région.

 

Position sociale

 

D’après les registres de Mittelhausen, il semble qu’à cette époque Hohatzenheim en tant que filiale n’avait pas de prévôt (Shultheiβ), mais uniquement des échevins. Si ce fait était confirmé, cela signifierait que Hans Claus était un notable de premier rang à Hohatzenheim. Nous n’avons pas d’information sur la famille de sa femme, mais un certain Lorentz Claus habitait le village à la même époque, peut-être un frère. Lorentz est lui aussi échevin (en 1666) et tous deux sont proches des prévôts successifs de Mittelhausen comme vont le montrer les alliances à venir.

 

Spéculations sur la structure de la ferme

 

Etant données les considérations précédentes, il paraît raisonnable de penser que la ferme de Hans Claus était en 1657, l’une des fermes principales du village. La description de celle-ci est évidemment sommaire et pourtant elle contient des informations intéressantes qui permettent quelques hypothèses sur sa structure. En premier lieu, l’orientation est clairement spécifiée ; l’avant, et donc probablement l’entrée, donne sur la rue du Maire, l’arrière sur la rue du Renard. La ferme est donc orientée ouest-est, comme la ferme voisine de Mathis. Cette orientation est d’ailleurs tout à fait en accord avec la structure des fermes du village puisque toutes les fermes situées sur les rues nord-sud sont orientées suivant le même axe. Une photo de la rue du Renard du début du siècle montre clairement les façades (donc l’avant) des fermes situé à l’ouest de la rue, ainsi que l’arrière (en général constitué de la partie verger-jardin) des fermes s’Valdes et s’Schultze situées à l’est de la rue. D’autre part, une photo de la rue du village aux alentours de 1910, montre clairement que contrairement à la ferme s’Schleiers (à gauche), la ferme s’Valdes (à droite) n’était pas censée faire face à cette rue.  

 

 Ainsi si l’entrée était située sur la rue du Maire il est difficile à croire que l’entrée originale ait été au niveau de la maison actuelle, si loin de la rue. Il est plus que probable que des bâtiments existaient au bord de cette rue et notamment au coin de la rue du village et de la rue du maire. Si l’on trace les limites des bâtiments historiques des fermes Schultze et Valdes (sauf le bâtiment agricole nord-sud à l’est qui n’apparaît pas sur le plan d’assemblage de 1828) à partir du plan du cadastre de 1912, on est surpris de la similitude des deux structures, surtout vers l’arrière. On peut donc penser qu’à l’origine, ces structures étaient similaires à l’avant également et que s’Valdes avait comme la plupart des fermes traditionnelles une entrée constituée d’un porche en pierre.

 

2e Génération : Hans CLAUS dit “Der Alte“ (+1720)

Peut-être né à Hohatzenheim, il épousa Eva KAPP née Mittelhausen fille de Georg KAPP, le 4 novembre 1663 à Hohatzenheim. De son union avec Eva KAPP naquirent 8 enfants :

 

1) Anna CLAUS oo Simon STOLL, Bg zu Mittelschaeffolsheim

 

2) Clauβ CLAUS, né à Hohatzenheim, Bg zu Osthoffen, décède avant 1729.

 

3) Eva CLAUS, née à Hohatzenheim. Elle épousa Georg RUBIN, fils de Andres RUBIN et de Maria GEEBER vers mai 1718. Elle est décédée sans postérité en octobre 1744 à Hohatzenheim.

 

4) Catharina CLAUS, née à Hohatzenheim. Elle épousa Claub SCHNEIDER Bg alhier

 

5) Anna Maria CLAUS, née à Hohatzenheim. Elle épousa Michel NESTELHUFS de Gimbrett, fils de Mathis NESTELHUFF et de Margaretha DIEBOLT - PETER vers février 1712. Elle est décédée à Gingsheim.

 

6) Hans Georg CLAUS, né le 7 novembre 1666 à Hohatzenheim.

 

7) Anna CLAUS, née le 21 mars 1669 à Hohatzenheim. Elle épousa le 11 juin 1691 à Rumersheim Simon STOLL de Mittelschaeffolsheim.

 

 

 

8) Barbara CLAUS, née vers 1679 à Hohatzenheim. Elle décède le 26 juillet 1778 à Hohatzenheim.

Elle épousa le 30 janvier 1702 à Rumersheim Hanb KLEINen, Bg und Würth zu Mittelschaeffolsheim

 

9) Hanβ CLAUS dit ZENβ Hanβ der Junge, né à Hohatzenheim. Décédé avant 1729. Il épousa Aurélia ISCH le 28 août 1705 à Mittelhausen

                       

 

Hans CLAUS décède le 25 juin 1720 à Hohatzenheim. Dans son inventaire après décès daté du 10 juillet 1720, il est cité comme Burger et Echevin (Gerichtschoeffen) décédé il y 14 jours. On note également que Eva KAPP son épouse est assistée de Andreas KAPP de Mittelhausen, « ihrem Vetteren »

 

Dans cet inventaire on relève également :

* Contrat de mariage du 21 mai 1663 Hohatzenheim

de Hannben CLAUben fils de Clauben Hanben Bg und Gerichtschoeffen zu Hohatzenheim avec Eva KAPP fille de Georg KAPPen gewester Hochgraflich. Hanauischer Schultheiben zu Mittelhausen.

 

* Cm du 22 mai 1706 Hohatzenheim

de Claub SCHNEIDER fils de Martin SCHNEIDER Bg und Gerichtschoeffen zu Truchtersheim et Margaretha KIEFFER, avec Catharina CLAUb fille de Hanben CLAUben et Eva KAPP.

Et page 24 de l’inventaire on retrouve une description de la propriété :

„Item eine behaubung, Hoff, scheuer, Stall, trodt, trodthaub und garthen sambt aller übrigen zugehördt, recht undt gerechtigkeith, oben im Dorf zur Hohatzenheim gelegen, einseit neben Peter FREUNDT, anderseith neben dem Allmendt, vornen auf das Hetzellgabell und hinten auf die Fuchsgab. Vermog hievor ………Eheberedung durch den verstorbener angeschlagen worden ad 1100 R (Gulden)“

« De même une habitation, cour, grange, étable, pressoir avec une maison à pressoir et un jardin y compris toutes les dépendances, droits et propriétés situés en haut dans le village de Hohatzenheim D’un côté Pierre FREUNDT, de l’autre à côté du communal, devant la ruelle Heztzel et derrière sur la rue du Renard. Le bien ci-devant a été estimé dans le contrat de mariage par le défunt à 1100 Gulden. »

 

Sa femme Eva KAPP rédige un testament (Vermächtnub) le 9 juin 1728. Le 17 mai 1729 à Hohatzenheim est dressé son inventaire après décès (n°18) où elle est dite décédée il y à 11 semaines.

 

 

Position sociale

 

D’après ces documents il est clair que Hans der Alte, était comme son père un notable de premier plan. En fait la famille Claus en général était une famille influente. Par son mariage de 1663, Hans s’allie avec la famille de l’ancien prévôt de Mittelhausen, Georg Kapp décédé avant 1661. En 1666 Lorentz Claus (peut-être son oncle), échevin à Hohatzenheim, marie sa fille au nouveau prévôt de Mittelhausen, Michel Lienhardt. En 1675, il est fait mention d’un certain Georg Claus, prévôt de Mittelhausen et en 1679 Lorentz Claus est cité comme prévôt de Hohazenheim. Peut-être Lorentz fut-il le premier prévôt de la commune depuis l’introduction de la réforme. L’inventaire après décès de Hans Claus témoigne qu’il héritera finalement lui aussi de la charge d’échevin de Hohatzenheim. En fait sur la base des registres de Mittelhausen, il semble qu’à cette époque la famille Claus avait le monopole de la fonction d’échevin à Hohatzenheim.

 

Evolution de la ferme

 

La présence d’un contrat de mariage et d’un l’inventaire après décès atteste de biens conséquents. La ferme avait été estimée en 1663 à une valeur de 1100 florins. La description de la ferme de 1720 montre que la famille s’était lancée dans un investissement viticole à travers l’achat d’un pressoir et la construction d’un bâtiment pour l’abriter. Comme l’estimation de la valeur est inchangée entre 1663 et 1739, on peut penser que l’équipement viticole était déjà en place en 1663. Nul doute que cet investissement s’inscrivit dans l’effort rural de réexploitation des parcelles laissées en friche qui se poursuivit durant les dernières décennies du XVIIe siècle. Ainsi après les nouvelles destructions de la guerre de Hollande (1672-81) 3 édits de défrichements furent proclamés en Basse Alsace (1682, 1685 et 1687). Sur le plan no3, nous avons tracé un emplacement probable du pressoir et du bâtiment à pressoir sur la base de la localisation du pressoir actuel et de l’ordre d’énumération des bâtiments dans l’inventaire de 1720.

 

Religion

 

En 1687, un événement majeur survint à Hohatzenheim. Sous la pression de la nouvelle politique de Louis XIV en faveur du catholicisme, Hohatzenheim redevint une paroisse catholique et sa population renia la réforme en séance publique. Il semble en fait que 30% de la population du village soit restée protestante. Pour la famille Claus le choix dut être difficile. D’un côté, les Claus étaient une famille influente du village qui se devait de rejoindre la majorité, d’un autre côté elle avait constitué de fortes alliances avec la bourgeoisie de Mittelhausen qui elle est resté protestante.

 

En fait il semble bien que Hans der Alte s’est converti immédiatement à la religion catholique. En effet 4 ans plus tard, en 1691, sa fille Anna se marie avec Simon Stoll, un catholique, en l’église catholique de Rumersheim. De plus tous ses enfants qui quitteront le village, iront s’établir dans des villages catholiques et ses gendres sont tous catholiques. La seule exception à cette règle fut son fils Hans qui se maria en 1705 en l’église protestante de Mittelhausen avec Aurélia Isch. Le couple s’établira par la suite probablement à Hohatzenheim où Hans décèdera. Ainsi, si la famille de Hans der Alte semble avoir pris une direction claire en faveur du catholicisme, elle garda apparemment quelques contacts à Mittelhausen.

 

Héritage

 

Hans avait deux fils. Claus l’aîné, est allé s’établir à Osthoffen (Pfettisheim ?). Le cadet Hans, nous l’avons vu est resté au village et il est plus que probable que la ferme lui était destinée. Malheureusement, en 1714 un événement funeste survint et Hans décéda prématurément. Cette mort fut peut-être liée à la crise économique qui survint l’année précédente à la suite d’une invasions de souris qui combinée à plusieurs dévaluations monétaires provoquèrent une augmentation de 150% de la moyenne des prix de 1708. Quoi qu’il en soit, la ferme Claus se retrouve subitement sans héritier et Hans der Alte proposa sans doute la ferme à son gendre le plus renommé et le plus dynamique, à savoir, Claus Schneider, un catholique, prévôt de Reitwiller et fils d’un échevin de Truchtersheim.

 

 

3e Génération : Clauβ SCHNEIDER (ca1682-1739)

 

Fils de Martin SCHNEIDER et de Magaretha KIEFFER - KUEFFER, Clauβ SCHNEIDER est né vers 1682 à Truchtersheim.

Il épousa Catharina CLAUS, fille de Hans CLAUS der Alte et de Eva KAPP vers mai 1706.

Il était prévôt de Hohatzenheim“ de novembre 1727 à 1738. (source de cette information ?)  De son union avec Catharina CLAUS naquirent 4 enfants.

 

1) Anna SCHNEIDER, née Hohatzenheim, épousa Hannβ GRASSER, fils de Michael GRASSER et de Maria WECKEL - WACKHEL le 20 février 1730 à Rumersheim.

 

2) Eva SCHNEIDER, née Hohatzenheim. Elle épousa en première noce vers février 1736 Claus ROβ de Griesheim, fils de Hanβ ROβ et en seconde noce (avant 1748) Claus MITTELHAUSSER bg zu Gingsheim.

 

3) Claus SCHNEIDER, né vers 1719 à Hohatzenheim. Il est célibataire en 1739. Il décède avant 1748.

 

4). Veltin (Valentin) SCHNEIDER, né vers 1723 à Hohatzenheim, en 1739 il a pour tuteur Hanb Jacob GRAD qui exerce la profession de cordonnier.

 

Claub SCHNEIDER décède vers mars 1739 à Hohatzenheim. Le 1er juillet 1739 est établi l’inventaire après décès (n°28) il est dit décédé il y a environ 15 semaines, "gewester Schultheib des Stabs Reithweyler und bürgerlicher inwohner dahier zu Hohazenheim". Lors de l’inventaire son épouse Catharina CLAUb est assistée de Hanb KLEIN bg zu Mittelschaeffolsheim, ihres Schwagers.

Dans l’inventaire on trouve également copie du contrat de mariage du 22.04.1706 à Hohatzenheim de Claub SCHNEIDER fils de Martin SCHNEIDER, bg und Gerichtschöff zu Truchtersheim et de Margaretha KIEFFER avec Catharina CLAUb fille de Hanb CLAUb, bg und Gerichtschöff et de Eva KAPP

Page 20 et 21 on découvre une description du corps de ferme :

Item eine behaubungHoff, Scheuer, Stallung, Trott und Trotthaub, wie auch Koch gärthel, mit übriger zu gehör rechten und gerechtigkeiten, oben im Dorf zu Hohatzenheim, einseit neben Peter FREUNDT und anderseit neben dem Allmend vornen auff das Hezelgäbel und hinten auff der Fuchsgab, ist vermög der hiervor inserirt Eheberedung angschlagen vor und um Eylft hundert Gulden 2/3 tel 733R 3b 4J.

 

Son épouse Catharina CLAUS née Hohatzenheim y décède vers avril 1748. Le 21 octobre 1748 est dressé son inventaire après décès (n°37), elle est dite décédée depuis une demie année. Page 9 et 10 de l’inventaire on retrouve la description de la ferme :

Item eine behaubung, hoff, Scheuer, Stallung, Trott und Trotthaub, wie auch Koch gärtel mit übriger zugehör Rechten und gerechtigkeiten, oben im Dorf zu Hohatzenheim, einseit neben Peter FREUNDen, modo Georg FREUND der Schultheib, vornen auff das Hetzel gäbel und hinten auf die Fuchsgab.Angeschlagen pro Vier hundert funffzig Gulden ad 2/3 300R

 

Position sociale:

 

Avec Claus Schneider, la famille atteint son apogée puisque pour la première et la dernière fois depuis 1657, l’exploitant de la ferme Claus sera honoré de la fonction suprême de schultheiss de Hohatzenheim. Claus est le fils d’une famille de notables. Son père était échevin à Truchtersheim et sa mère descend d’une longue lignée de notables de Pfettisheim ayant compté plusieurs échevins et prévôts. Après son mariage en 1706, Claus et sa femme ont peut-être habité à Truchtersheim puisque son inventaire après décès nous dit qu’il était « Shultheiss des Stabs Reithweyler ». Reitwiller étant protestant, cette expression semble se référer à la coutume qui existait depuis 1681 dans les villages protestants où le chef du village portait le titre de Stabhalter (Louis XIV avait en effet interdit le titre de schultheiss aux protestants), laissant le titre devenu purement honorifique de schultheiss à un laboureur d’un village catholique voisin. Bientôt pourtant, Claus arrive à Hohatzenheim où il deviendra « réellement » prévôt en 1727. 

 

La Ferme

 

Sous la gestion du nouveau prévôt, la ferme semble s’être maintenue à son état précédent puisque l’inventaire à sa mort cite les mêmes bâtiments qu’en 1720 ainsi que la même estimation de la valeur de l’exploitation (1100 florins).

 

La succession

 

On peut s’étonner de la relative modestie du bilan de cette période où Claus n’a semble-t-il pas vraiment réussi à tirer profit de son influence. Il est vrai qu’il est décédé prématurément à l’âge de 47ans. Ses filles ont fait des mariages relativement modestes. Son fils aîné Claus devait avoir une constitution particulièrement chétive puisqu’il fut écarté de l’héritage de la ferme au profit du fils cadet Valentin qui reçoit les commandes de la ferme à 17 ans à peine. D’ailleurs Claus mourra peu de temps après.

 

 

4e Génération : Veltin (Valentin) SCHNEIDER (1723-ap1787)

 

Fils de Clauβ SCHNEIDER et de Catharina CLAUS, Veltin - Valentin SCHNEIDER est né en 1723 à Hohatzenheim. Il épousa Catharina ROOS vers juillet 1740 à Hohatzenheim.

Il était cultivateur, et lors de l’établissement le 17.07.1740 de son contrat de mariage il hérita de la ferme paternelle (Hoffbesitzer) c’est également lui qui donna son nom à la ferme Valdes. De son union avec Catharina ROOS naquirent 6 enfants :

 

1) Franscica SCHNEIDER, née Hohatzenheim. Elle épousa Nicolaus GILLI - ILLY – JELY journalier de Gingsheim fils de Nicolaus GILLI et de Odilia LOTZ le 3 janvier 1780 à Hohatzenheim

 

2) Catharina SCHNEIDER, née à Hohatzenheim. Célibataire en 1787.

 

3) Johannes SCHNEIDER, né à Hohatzenheim. Bg und Webermeister in Strasburg en 1787.

 

4) Nicolas SCHNEIDER, né le 12 juillet 1744 à Hohatzenheim. Baptisé le lendemain au même lieu. Il épousa Maria WOLFF, fille de Johannes WOLFF et de Catharina STRAUB le 29 août 1774 à Gougenheim. Il était journalier.

 

5) Laurent SCHNEIDER, né le 24 septembre 1755 à Hohatzenheim. (mort en 1787 ?)

 

6) Marie Madeleine SCHNEIDER, née en 1760 à Hohatzenheim. Elle épousa Nicolas HOENEN de Baumgarten (Donnenheim).

 

 

Catharina ROOS décède le 28 janvier 1783 à Hohatzenheim. Son inventaire après décès (n°79) est établi le 19 7bris 1787. Elle y est dite décédée il y environ 4 ans et son mari Valentin SCHNEIDER, bg und Ackermann zu Hohatzenheim est encore vivant.

Dans l’inventaire sont cités les documents suivants :

Contrat de mariage du 19.08.1740 de Valentin SCHNEIDER avec Catharina ROOS

Contrat de mariage du 19.12.1782 déposé le 25 juin 1783

De même on y trouve une description de la propriété.

„Haus, Hof, Scheuer, Stall, Trott und Trotthaub,Garten, einseit neben dem Allmend, anderseit neben Georg FREUND, hinten auf die Fuchsgab, vornen auf Hablergäbel“

 

Situation économique

 

Lorsqu’il hérite de la ferme en 1739, Valentin se trouve dans une situation difficile. Chef de famille à moins de 17 ans, il ne peut guère compter que sur lui-même pour gérer l’exploitation. Ses deux sœurs mariées ont quitté le village. Il ne reste donc à la ferme que son frère aîné dont il est fort à parier que sa santé était fragile, et sa mère. Valentin se marie donc rapidement, dès l’année suivante avec une fille de Gingsheim. En plus de son inexpérience, Valentin doit affronter d’emblée une situation économique difficile. Après une première crise passagère en 1735/36 due à une épidémie de fièvre miliaire, se déclare en 1740/42 une seconde crise, due aux épidémies d’un hiver désastreux accentuée par la guerre (celle de succession d’Autriche). Cette situation crée une inflation latente qui ne semble pas vouloir se résorber et durera jusqu’en 1750. En plus de ces maux, en 1744 l’Alsace est envahie pour la première fois depuis la guerre de Hollande. Les pandours, mercenaires à la solde de l’armée impériale, passent à Hohatzenheim où ils occasionnent quelques dégâts. Si, l’invasion sera brève, la guerre et ses maux durera jusqu’en 1748. Durant cette terrible décennie, le frère et la mère de Valentin décèdent, probablement victimes des vicissitudes de la crise. Valentin et sa femme continuent donc seul à gérer l’exploitation familiale.

 

La ferme au milieu du XVIIIe siècle

 

La crise des années 1740, accentuée probablement par l’inexpérience du jeune Valentin semble avoir porté un coup très dur à l’exploitation puisqu’à la mort de Catharina Claus en 1748, la ferme n’est plus estimée qu’à 450 florins en dépit d’une inflation conséquente, soit à peine 40% de la valeur de la période 1663-1739. Il est probable que la plupart des bâtiments principaux aient été passablement délabrés dès le milieu du XVIIIe siècle. Dans cette environnement, les céréales constituent probablement la culture principale de l’exploitation, la vigne apportant un appoint. Un plan d’assemblage du ban de Hohatzenheim datant de 1760 (cf plan no4), montre qu’un demi siècle plus tard, la vigne occupait 49 arpens soit 14% des terres cultivées à Hohatzenheim. Ces vignes ont disparues pour la plupart et il ne reste aujourd’hui que quelques parcelles témoignant de cette activité passée (sur les zones G et I).

 

Evolution de la position sociale de la famille

 

Il semble que Valentin Schneider n’ait jamais réussi à rattrapper le handicap de ses premières années de gestion de la ferme. Dès 1740, la famille perd la prévôté au profit de la ferme voisine, concurrents de longue date de la famille Claus, où habite dorénavant la famille Freund. (Pierre Freund était échevin du temps de la prévôté de Claus Schneider, son beau-père Jean-georges Schmidt était prévôt avant Claus, et son fils Jean Georges Freund hérite de cette charge à la mort de Claus). Cette famille conservera cette charge pendant plus de 25ans méritant pour la première fois son surnom de s’Schultze.

 

Pour la famille Schneider au contraire, les affaires semblent stagner puisque des trois fils de Valentin, Niclaus devint journalier à Gougenheim, Hans tisserand à Neubourg (Strasbourg) et Laurent n’est plus cité dans l’acte de 1787. Aucun donc ne devint propriétaire terrien. De ses trois filles, Francisca se marie à un journalier de Ginsheim, Catharina est restée célibataire et seule Marie-Madeleine, la cadette, améliore quelques peu le tableau en se mariant avec Nicolas Hoenen, fils du maire de la petite annexe de Wingersheim, Baumgarten; mais Nicolas non plus n’est pas propriétaire puisque la ferme familiale de Baumgarten échoit à son frère Laurent Hoenen.

 

Succession

 

Valentin est resté environ 50 ans à la tête de la ferme qui sera dorénavant surnommée d’après son prénom: “Valtin“. Il est probable que ce soit l’originalité de son prénom ainsi que son exceptionnelle longévité à la tête de l’exploitation qui lui ont valu ce privilège. Lors de l’inventaire après décès de sa femme en 1787, Valentin a 64 ans et il semble avoir déjà passé les rênes à son gendre Nicolas Hoenen présenté comme Hofbeständer. Il est curieux que de ses trois fils, Valentin n’en ait choisi aucun pour lui succéder. Peut-être Laurent était-il censé reprendre la charge avant un décès prématuré. En tout état de cause il semble que le choix final ait été influencé comme pour son grand-père Hans Claus der Alte par la renommée et le dynamisme des candidats potentiels. C’est dont le fils du maire de l’ancienne ferme abbatiale de Baumgarten qui hérita de la ferme maintenant appelée s’Valdes.

 

 

 

5e Génération : Nicolas HOENEN le vieux (ca1757-1833)

 

Né vers 1757 à Baumgarten (Donnenheim) fils de Georg HOENEN - HUENE - HUNN et de Catharina BAUMGARTNER. Le 7 février 1783 à Hohatzenheim il épouse Marie Madeleine SCHNEIDER née vers 1760 à Hohatzenheim, elle décède le 12 novembre 1818 à Hohatzenheim. Laboureur, Nicolas HOENEN hérite de la ferme de son beau-père (Hofbeständer). Il décède le 24 mars 1833 à Hohatzenheim. De son union avec Marie Madeleine SCHNEIDER naquirent 6 enfants :

1) Catharina HOENEN, née le 3 novembre 1783 à Hohatzenheim. Elle est décédée le 1er janvier 1784 à Hohatzenheim.

 

2) Maria Magdalena HOENEN, née le 19 avril 1786 à Hohatzenheim.

 

3) Marguerite HOENEN, née le 10 janvier 1788 à Hohatzenheim. Elle épousa Joseph PAULUS menuisier, né le 19 mars 1780 à Bilwisheim fils de Peter PAULUS et de Marie STOECKEL le 20 mai 1813 à Bilwisheim. Elle est décédée après 1748 et lui il décède le 27 juillet 1839 à Bilwisheim.

 

4) Nicolas HOEHNEN, né le 21 février 1790 à Hohatzenheim.

 

5) Pierre HOENEN, sellier et journalier, né le 16 avril 1792 à Hohatzenheim. Il épousa en première noce le 29 octobre 1816 à Hohatzenheim Anna Maria DEBES - DEBUS née entre 1786 et 1792 à Gingsheim et fille de Jacques DEBES et de Anne Marie ALLGEYER. Anna Maria DEBES – DEBUS était veuve de Melchior MUSTER.

En seconde noce Pierre HOENEN épousa le 13 juin 1819 à Hohatzenheim Salomé RUNTZ née le 5 germinal de l’an 03 à Rumersheim, fille de Johannes RUNTZ - RUNS et de Salomé ESCHENLAUER.

 

6) Laurent HOENEN, né le 12 janvier 1800 à Hohatzenheim. Il épousa le 8 novembre 1828 à Hohatzenheim Marie Catherine TOBIAS née le 6 germinal an 7 à Wingersheim fille de Joseph TOBIAS et de Anne Marie DENNIGER. Garçon laboureur en 1828 on le retrouve par la suite exerçant la profession de laboureur. Il est décédé après 1860 à Wingersheim.

 

En an VI (1798) est établi un premier état de section. Dans la section B der Brandgarthen au n° 87 on lit : "HOHNEN Niclauß Hauß und Platz ein Pfemmert, Hoff und Gebauplatz ein Viertzel".

On trouve également aux archives un état de section établi entre 1815 et 1822. Dans la section B Dorf und Wingarten on lit au n° 21 : Nicolas HOENNEN Hauß Hoffplatz und Garten, ein Acker, Eigen.

 

Origine de la famille Hoenen

 

La famille Hoenen gérait la ferme abbatiale de Baumgarten depuis au moins trois générations remontant au milieu du XVIIe siècle. Cette ferme située près de Donnenheim était propriété de l’Abbaye de Neubourg et tirait peut-être son origine de la commanderie des templiers qui existait là au XIIIe siècle. Cette ferme comportait notamment une grange dimère et une chapelle. L’administrateur, ou “Villicus“ veillait à la prospérité du domaine et en était aussi le maire-dimier. Laurent, le frère de Nicolas et aîné de la famille, hérita de la ferme de leur père Georges qui mourut en 1764. Toutefois, au XVIIIe siècle la prospérité de ce domaine déclina. A l’époque du mariage de Nicolas en 1782, cette ferme est probablement déjà délabrée car le site de Baumgarten semble abandonné avant la fin du siècle. L’héritage paternel devait donc présenter un intérêt limité pour Nicolas qui en venant à Hohatzenheim héritait de l’une des fermes principales du village. Aujourd’hui il ne reste rien du domaine de Baumgarten. Si cette hypothèse est confirmée, ce serait donc Nicolas le vieux et son fils Nicolas le jeune, qui auraient entrepris la reconstruction ou la rénovation de la maison d’habitation.

 

Position sociale

 

Nicolas Hoenen comme Valentin son prédécesseur, n’exerça pas de fonction communale. Toutefois il semble avoir acquis une certaine  réputation au sein du village car il fut assez souvent choisi comme témoin aux évènements de la paroisse, et cela jusqu’à un âge avancé. Ainsi  lors d’une naissance qui eut lieu en 1817, un des témoin était « Nicolas Hoenen âgé de 61 ans ». Au sein de la famille aussi, Nicolas semble avoir joué un rôle central. Ainsi par exemple il est préféré à son frère aîné comme témoin du mariage de leur frère Georges en 1784. Cet acte témoigne d’ailleurs du déménagement de Nicolas à Hohatzenheim juste après son mariage. Nicolas est aussi choisi par sa nièce Catherine Schneider comme témoin à son mariage à Gougenheim, au détriment des autres fils de Valentin.

 

La terreur révolutionnaire

En 1791, la royauté est renversée et l’Alsace accueille d’abord plutôt bien la nouveau régime républicain. Pourtant à partir de 1793, le régime aux abois menacé de l’intérieur (vendée et royalistes) et de l’extérieur (toutes les monarchies européennes), rétorque par une répression implacable. Rapidement la terreur s’installe dans les villes et villages de France. A Hohatzenheim, le maire Nicolas Blaise est dénoncé comme royaliste. Il est rapidement emprisonné et décapité par les services d’Euloge Schneider, le fonctionnaire zélé de la république qui terminera lui-même sur l’échafaud. L’église de Hohatzenheim est fermée et son curé, le Père Ohlman est pourchassé. Il se cachera à Wingersheim où la légende rapporte qu’il échappa à la police en se déguisant en servante. Georges Hoenen, le frère de Nicolas qui habitait toujours à Donnenheim, est probablement dénoncé lui aussi, car il émigrera en Allemagne en 1794 où il mourra peu après.

 

La ferme

 

Grâce au plan d’assemblage de 1828, nous avons pour la première fois confirmation du tracé de la cour de ferme. A cette date, la ferme comporte déjà la maison actuelle, prolongée à l’ouest par un petit entrepôt. Perpendiculairement à cet entrepôt se trouve une petite grange et en face de la maison l’étable. A l’ouest de la ferme se trouve un jardin qui donne sur la rue du Renard et à l’est un verger donne sur la rue du Maire. Il est probable que la maison de 1828 soit la maison actuelle. Celle-ci daterait alors probablement du début du XIXe siècle.

 

 

6e Génération : Nicolas HOEHNEN le jeune (1790-1865)

 

Fils de Nicolas HOENEN et de Marie Madeleine SCHNEIDER, Nicolas HOEHNEN est né le 21 février 1790 à Hohatzenheim. Il épousa Geneviève ADAM le 28 janvier 1812 à Hohatzenheim. Il était cultivateur. Geneviève ADAM est née le 19 novembre 1786 à Bossendorf, fille de Antoine ADAM et de Anne Marie ZOELLER. Elle décède le 9 avril 1838 à Hohatzenheim.

De leur union naquirent 4 enfants :

 

1) Jean HOENEN cultivateur, né le 23 décembre 1812 à Hohatzenheim. Il épousa le 20 mai 1841 à Wittersheim Catherine STEINMETZ

 

2) Anne Marie HOENEN, née le 16 juin 1815 à Hohatzenheim. Elle épousa Antoine MOSTER, fils de Nicolas MOSTER et de Marie OSWALD le 30 avril 1839 à Mittelschaeffolsheim.

 

3) Catherine HOENEN, née le 19 novembre 1817 à Hohatzenheim. Elle épousa Bernard HOENEN, fils de André HOENEN et de Marie Catherine THAL le 2 juin 1840 à Hohatzenheim. Elle était "laboureuse".

 

4). Geneviève HOEHNEN, née le 17 juin 1822 à Hohatzenheim. Elle épousa Peter PAULUS né le 19 novembre 1819 à Bilwisheim, fils de Joseph PAULUS et de Marguerite HOENEN le 6 mars 1848 à Bilwisheim. De leur union naquirent 3 enfants.

 

En 1828 nous rentrons dans l’ère moderne du cadastre. Malheureusement le plan détaillé des sections est introuvable. Néanmoins dans la matrice au folio n° 115 nous notons HOENNEN Nicolas, le jeune comme propriétaire au lieu dit "Village", section C, des parcelles suivantes :

- parcelle n°40, un verger, surface 10,60 ares provenant de la parcelle N° 21

- parcelle n°41, sol de maison et maison sur une surface de 5,40 ares.

La maison de classe 3 comportant 2 portes cochères et 16 ouvertures.

- et la parcelle n°42, un jardin de 3,25 ares.

 

Position sociale 

 

Nicolas se marie relativement jeune (22ans) probablement pour éviter l’enrôlement dans l’armée qui vers 1812-1813 devient de plus en plus systématique, au fur et à mesures des défaites napoléoniennes. Comme son père Nicolas le vieux, Nicolas le jeune n’exerça aucune fonction communale. Pourtant comme son père, en tant qu’exploitant d’une des fermes les plus importantes du village, il bénéfice d’une réputation certaine dans la communauté. Ainsi en 1813, âgé de 23 ans, il apparaît déjà comme témoin d’actes de naissances. Peu à peu il remplace son père comme témoin dans le village et dans les années 1820 il témoigne de presque tous les actes en compagnie soit de Nicolas Blaise, le fils du maire assassiné, soit de Georges Freund (le maire ? du village).

 

Le clan familial

 

Une des tendances marquantes de la famille Hoenen au courant des année 1830-40, tient à aux liens forts que Nicolas le jeune entretient avec ses cousins de Donnenheim et Bilwisheim. Ainsi sur ses quatre enfants, deux se marieront avec des cousins Hoenen. Sa fille Geneviève épousera Peter Paulus, son cousin et le fils de sa tante Marguerite Hoenen de Bilwisheim. Quant à Catherine, elle se mariera avec Bernard Hoenen, laboureur à Donnenheim et petit fils de Joseph, le troisième frère de Nicolas Hoenen le vieux. Au moment de leur mariage en 1840, la ferme schleiers, en face de la ferme Valdes est probablement à vendre et Bernhard Hoenen s’y installe avec sa femme. Il est possible que Nicolas le jeune, aida son arrière petit neuveu et nouveau gendre à s’installer en face de chez lui. Catharina apporta peu-être même quelques terres en dot. Cet établissement crée le premier lien familial entre les fermes s’Schleiers et s’Valdes, et étend considérablement l’influence de la famille dans le village.

 

 

La ferme

Si les bâtiments de la ferme ont probablement peu  évolués durant cette période, on peut penser que l’exploitation ait prospéré, comme semble l’indiquer la fréquence des mentions de Nicolas le jeune sur les actes de la commune, l’investissement de Bernard Hoenen et le mariage de Jean Hoenen avec une fille d’agriculteur de Wittersheim.

 

 

7e Génération : Jean HOENEN (1841-1890)

 

Fils de Nicolas HOEHNEN et de Geneviève ADAM. Jean HOENEN est né le 23 décembre 1812 à Hohatzenheim. Le 20 mai 1841 il épousa à Wittersheim Catherine STEINMETZ née le 1er brumaire de l’an 14 à Wittersheim fille de Sébastien STEINMETZ et de Odile BOSS.

Il était cultivateur et elle cultivatrice. Il décède en 1890 et elle en 1885. De leur union naquirent 3 enfants :

 

1) Nicolas HOENEN, né le 11 mars 1842 à Hohatzenheim.

 

2) François Antoine HOENEN, né le 17 décembre 1843 à Hohatzenheim. Il épousa Magdalena WINLING, fille de Anton WINLING et de Apollonia WEBER le 31 mai 1877 à Hohatzenheim, 67. Il était cultivateur.

 

3) Hieronymus HOENEN cultivateur, né le 30 mars 1846 à Hohatzenheim. Il épousa le 8 octobre 1890 à Hohatzenheim Maria Catharina HUBER. Il est décédé avant 1902 à Hohatzenheim. De son union avec Maria Catharina HUBER naquirent 5 enfants.

Maria Catharina HUBER née le 16 mars 1869 à Wingersheim, fille de Joseph HUBER et de Magdalena FRITSCH, elle épousa en seconde noce le 20 janvier 1902 à Hohatzenheim. Louis JOST, fils de Anton JOST et de Brigitte DAUL.

 

En 1844 le cadastre nous signale un changement de propriétaire : HOENEN Jean, Cultivateur (folio 301) et de nouveau en 1876 HOENEN Nikolaus, Ackerer (folio 372).

 

Position sociale

 

Il semble que Jean Hoenen ait été moins actif que son père au sein de la communauté. En effet il est rarement choisi comme témoin, à peine quelques mentions vers 1860. Pourtant son exploitation a du prospérer car il va réussir à établir ses trois fils dans le village comme cultivateur. Ainsi en 1876, a l’âge de 64 ans, il prend sa retraite et passe l’exploitation à son fils aîné Nicolas. Un an plus tard, François Antoine se marie et s’établit lui aussi comme cultivateur à Hohatzenheim. Enfin vers 1890, Jérôme, son troisième fils reprendra l’exploitation de son oncle Bernard Hoenen, qui était resté sans enfant. Cette passation représente la seconde alliance familiale entre les fermes Valdes et Schleiers.

 

 

8e Génération : Nicolas HOENEN troisième du nom (1842-1906)

 

Né le 11 mars 1842 à Hohatzenheim. Il épousa le 7 octobre 1873 à Hohatzenheim Rosalia LANG née le 21 novembre 1850 à Schnersheim fille de François Antoine LANG et de Maria Anna SCHWARTZ. Il était cultivateur et décède le 10 mars 1906 à Hohatzenheim.

De son union avec Rosalia LANG sont répertoriés 7 enfants :

 

1)      Catharina HOENEN, née le 28 juillet 1874 à Hohatzenheim.

 

2)      Marie Eugénie HOENEN, née le 26 août 1875 à Hohatzenheim

 

3)      Marie Rosalie HOENEN, née le 23 août 1876 à Hohatzenheim. Décédée à Schnersheim le 27 avril 1955.

 

4)      Joséphine HOENEN, née le 1er avril 1878 à Hohatzenheim.

 

5)      Marie-Eugénie HOENEN, née le 8 janvier 1881 à Hohatzenheim.

 

6)      Franz Anton HOENEN, né le 9 juin 1882 à Hohatzenheim

 

7) Joseph HOENEN, né le 30 mars 1888 à Hohatzenheim. Célibataire, il était cultivateur. Il est décédé le 18 janvier 1951 à Hohatzenheim au N° 11.

 

En 1901 nous avons un nouvel état de section :

HOENEN Nicolas, cultivateur (folio 372) comme propriétaire dans la section C des parcelles suivantes :

- parcelle n°40, Garten, 10,60 ares

- parcelle n°41bis, Haus n° 12, 5,40 ares.

- parcelle n°42, Hof, 3,25 ares.

 

 

la ferme du XIXe siècle

 

entre 1828 et 1912 la cour de ferme change assez peu. C’est probablement au courant de ce siècle que l’entrée rue du Maire disparaît pour être remplacée par une entrée rue du village. Dans la maison, la cuisine est agrandie par une petite avancée, sorte de niche, qui donne sur la rue du village. L’étable est agrandie vers l’est (ce qui deviendra plus tard la cave a betteraves), et un petit bâtiment lui est adjoint d’orientation nord-sud (peut-être pour servir de porcherie ou de remise).

 

L’Alsace devient allemande

 

Il est intéressant de noter qu’au début des années 1870, alors que l’Alsace venait juste d’intégrer le Reich allemand, Nicolas Hoenen, signe parfois en français (« Nicolas Hoenen » écriture standard) parfois en allemand (« Niclaus Hoenen » écriture gothique). Celui-ci maîtrisait donc assez bien les deux langues.

 

 

9e Génération : Lorenz Michael GOETZ (1873-1937)

 

Fils de Johann GOETZ et de Thérèse SCHMITT, Lorenz Michael GOETZ est né le 8 septembre 1873 à Kleinfrankenheim. Il était cultivateur. Il décède en 1937.

Il épousa le 10 novembre 1903 à Hohatzenheim Catharina HOENEN née le 28 juillet 1874 à Hohatzenheim, fille de Nicolas HOENEN et de Rosalia LANG. Catharina HOENEN décède le 26 mars 1948 à Hohatzenheim. De son union avec Catharina HOENEN naquirent 3 enfants.

 

1)      Thérèse GOETZ née en … à Hohatzenheim elle épousa Joseph Jost en …. . Ils s’installent à Strasbourg où Joseph crée une entreprise de …. De leur union naquirent deux garçons.

 

2)      Alphonse Laurent GOETZ, né en 1906 à Hohatzenheim. Il épouse en 1934 Anna Fisher. De leur union naquirent 5 enfants.

 

3)      Florentine Goetz née en 1907. En 1934, elle épousa Eugène Jost, frère de Joseph Jost et héritier de la ferme voisine s’Schleiers. De leur unions naquirent 5 garçons.

 

 

En 1905 au folio n°615 on trouve comme propriétaire l’épouse de GOETZ Michael Lorenz

En 1911 nouveau cadastre ! Catharina HOENEN (folio 81) oo avec GOETZ Lorenz Michael est propriétaire à la section 1 de la parcelle n°21, (Anc. 40, 41, 42), Maison N°12, avec une surface totale de 19,65 ares.

 

 

La matrice cadastrale de 1911 est enfin accompagnée par des plans détaillés au 1/500ème exécutés en 1913.

En 1937 la propriété est transmise à GOETZ Laurent Alphonse (folio 380).

 

Service militaire allemand et première guerre mondiale

 

Laurent Goetz effectua probablement ses deux années de service militaire dans l’armée allemande de 1893 à 1895, donc avant son arrivée à Hohatzenheim. En 1914 il a 41 ans. Bien qu’en temps de guerre l’armée allemande se réserve la possibilité d’incorporer tous les hommes de 17 à 45 ans, Laurent Goetz ne sera pas appelé. Son beau-frère par contre aura un destin militaire tout différent. Né en 1888, Joseph Hoenen, frère cadet de Catherine Hoenen est un homme relativement grand et fort et du fait de sa stature il est choisi pour servir dans la garde impériale du Kaiser à Berlin, ce qui lui vaut un service militaire de trois ans au lieu de deux (probablement de 1908 à 1911). Il est rappelé sous les drapeaux durant la guerre de 1914-18. A son retour de la guerre Joseph restera célibataire. Il a sa chambre au premier étage de la maison familiale et travaillera comme surveillant à l’asile psychiatrique de Hoerdt. Dans le village le « Valdes uncle » est l’homme aux deux chapeaux : un chapeau de paille qu’il portait en en été et un feutre qu’il ne mettait que l’hiver.

 

En 1918, la guerre prend fin avec la défaite allemande et l’Alsace redevient française. La petite Florentine Goetz alors âgée de 11 ans se rappelle l’arrivée des troupes françaises à Hohatzenheim. Un soldat lui offre un morceau de chocolat, friandise qu’elle voyait pour la première fois.

 

La ferme du début du siècle

 

Durant la période de l’entre-deux guerres la ferme connaît quelques modifications dues à l’accroissement de son activité. Ainsi vers 1930 l’ancienne grange qui abritait probablement le pressoir, est arrachée et un nouveau bâtiment est construit à la place du jardin. Une photo montre sur la gauche, le coin de la rue du renard avant cette construction. La nouvelle grange, plus vaste, contient au sud une remise pour le matériel agricole et au nord le pressoir placé au-dessus d’une cave à vin. C’est dans cette ferme qu’aura lieu en 1934 la réception d’un double mariage : Alphonse Goetz épouse Anna Fischer et Florentine Goetz épouse Eugène Jost. Le mariage Goetz-Jost confirme presqu’un siècle après l’établissement de Bernard Hoenen à la ferme Schleiers, la longue alliance entre les fermes s’Schleiers et s’Valdes (les deux familles étaient en fait très proches puisque les deux filles Goetz épousent les deux fils Jost). L’entrepôt attenant à la maison est reconstruit. A l’est, le bâtiment nord-sud est remplacé par un bâtiment plus grand contenant la porcherie ainsi qu’une remise où est placé l’alambic pour distiller. Le jardin est déplacé à la place du verger, le long de la rue du Maire.

 

 

10e Génération : Laurent Alphonse GOETZ (1906-1986)

 

Fils de Lorenz Michael GOETZ et de Catharina HOENEN, est né en 1906 à Hohatzenheim. Il était cultivateur.

Il épousa en 1934 à Hohatzenheim Anna Fischer. De leur union naquirent un fils Gérard et quatre filles Jeanne-Marie, Lilly, Lucie et Colette.

 

La guerre

 

Alphonse effectue son service militaire vers 1927. Plus tard durant ses vieux jours il évoquera souvent ce temps heureux, période nostalgique de découvertes et de fraternisation. En 1938, durant la crise des Sudètes, Alphonse est remobilisé temporairement puis renvoyé chez lui après la signature des accords de Munich. Durant la période allemande, trop vieux, il n’est pas incorporé (l’incorporation s’arrête en 1944 à la classe 1908).  A la libération la ferme abritera l’intendance de l’unité de l’armée américaine basée à Hohatzenheim.

 

L’exploitation d’après guerre

 

Lorsqu’ Alphonse prend les commandes de l’exploitation familiale en 1937, s’Valdes est la ferme la plus importante du village en terme de surface agricole en propriété. Cette atout permet à l’exploitation d’éviter l’endettement auquel beaucoup d’autres agriculteurs ont recours pour augmenter leur rendement.

 

L’économie agricole d’après guerre est dominée par la dégradation constante des prix céréaliers.  Ainsi en Alsace les cultures classiques comme le blé, l’orge et le maïs furent progressivement réduites au profit de cultures plus rentables comme le tabac et surtout le houblon. Au début des années 60 les fermes Valdes, Schleiers, Scheulis et Grode achètent en commun une machine à effeuiller le houblon qui sera placée chez les Zahn (Scheulis).

 

En 1964 le malheur frappera la famille Goetz. Anna Fischer décède prématurément. Peu à peu les quatres filles se marient et quittent le village laissant Alphonse et son fils Gérard seuls pour exploiter la ferme.

 

 

11e Génération : Gérard GOETZ

 

Gérard Goetz est né en .. il se marie en … avec Marie-Thérèse … De leur union naquit trois filles Estelle, Patricia et Fabienne.

 

La ferme moderne

 

En plus des cultures, l’autre grande activité agricole alsacienne est l’industrie laitière. Bien que mise à rude épreuve par l’instauration des quotas européens destinés à limiter la surproduction, cette activité présente le gros avantage d’offrir des revenus fixes tout au long de l’année. Ainsi la plupart des exploitations vont investir lourdement dans leur infrastructure laitière. Durant les années 60 et 70 s’Valdes avait une dizaine de vaches qui au printemps et en été étaient amenées tous les jours au pâturage. On cultivait un peu de trèfle pour servir de nourriture d’appoint. Durant les années 80, l’augmentation du nombre de bêtes et la nécessité d’améliorer le rendement de la terre met un point final à cette pratique. Désormais les vaches restent de manière permanente dans de grandes étables, constituées de deux longues rangées d’animaux face à face gérées presque comme des chaînes d’usine. Chez Valdes l’ancienne étable devient rapidement trop petite et Gérard fait construire une grande étable moderne à l’emplacement qu’occupaient le jardin, la porcherie et la remise à distillation. Dans cette nouvelle étable Gérard comptera rapidement près d’une quarantaine de vaches.

 

 

Au début des années 90, François Zahn prend sa retraite sans succession et comme Jean-Louis Jost (Schleiers) fait de lourds investissements houblonniers, Gérard Goetz hérite de la machine à houblon commune. Pour l’abriter dans sa ferme il fait arracher l’ancienne étable et construit à sa place un hangar métallique. La construction de la nouvelle étable et du hangar métallique a nécessité la destruction complète des anciens bâtiments agricoles. Au début du XXIe siècle il ne reste donc des bâtiments « historiques » que la maison, le petit entrepôt qui lui est attenant et la grange construite vers 1930.

 

Durant les années 80 la construction d’un lotissement ou « village nouveau » est décidée à Hohatzenheim. Cet accroissement est localisé à l’entrée du village en venant de Wingersheim. Gérard Goetz est forcé de vendre une parcelle qu’il possède dans cette zone.

 

En 2001, un nouveau malheur frappe la famille Goetz avec le décès de Marie-Thérèse après une longue maladie. Un an plus tard Gérard prend sa retraite sans succession. Il vend alors tous ses animaux. Ainsi après au moins 350 ans d’exploitation, s’Valdes, l’une des fermes principales du village de Hohatzenheim, qui était restée entre les mains d’une même dynastie paysanne qui remontait au moins jusqu’à la guerre de trente ans, arrête définitivement son activité. Une page du village historique est tournée.

 

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 photo: Catherine Hoenen dans la cour de la ferme

 

Avec nos remerciements à la famille GOETZ Gérard, à M. ZAHN François ancien Maire, Maire Honoraire de Hohatzenheim, M. CRIQUI Jean Marie ancien Adjoint, actuel Maire de Hohatzenheim, et à la Secrétaire de Mairie de Hohatzenheim. Merci aussi à Philibert et Hubert Jost pour leurs photos et nombreux souvenirs.

 

Sources :

- Terrier de 1657 ABR

- Etat de section de 1828 ABR

- Etat de section et nomenclature de 1901 ABR

- Matrice cadastrale, etat de section et nomenclature de 1911 ABR

- Inventaires après décès de Hohatzenheim ABR

- Contrats de mariages Hohatzenheim ABR

- Registres paroissiaux Hohatzenheim et Mittelhausen ABR

- Etat civil Mairie de Hohatzenheim

- Archives des familles GOETZ et JOST

 

P.S. : Nous invitons les gens ayant des documents sur Hohatzenheim à se faire connaître auprès de la Maison du KOCHERSBARI qui transmettra, et peut-être cet article deviendra-t-il une série !