La Campagne de Russie du 25e Régiment d'infanterie de ligne
1812
Extrait d'un manuscrit anonyme de 1884 (SHAT - 4M33)
Août 1811 - [Le 25° RI] fait partie du corps d'observation de l'Elbe. Les 1°, 2°, 3° et 4° bataillons entrent dans la composition de la 5° division sous les ordres du général Compans. Le 5° bataillon formant dépôt est à Landrecies (Département du Nord).
1° janvier 1812 - Le 25° campe à Bremen, faisant partie de la 1° brigade sous les ordres du général baron Duppelin, est commandé par le colonel Dunesme, le major Duchesne, les chefs de bataillon 1° : Camescasse, à l'effectif de 37 officiers et 752 hommes,
2* : Lalande, à l'effectif de 16 officiers et 719 hommes,
3° : Darriule, à l'effectif de 15 officiers et 740 hommes,
4° : Évrard, à l'effectif de 17 officiers et 748 hommes,
6° : Pothier, à l'efectif de 17 officiers et 741 hommes. (ce 6° escadron n'est pas mentionné plus haut)
1° février 1812 - Se met en marche sur Stettin où il arrive le 10 mars.
20 mars 1812 - Il repart pour Marienwerder, son point de concentration, où il cantonne jusqu'au 10 mai.
15 mai 1812 - Le 1° bataillon est cantonné à Mulhausen, le 2° à Becklenhoff, le 3° à Marienfeld, le 4° à Weskenhof, le 6° à Ponickrendork. Il et en entier réuni à Mulhausen, et fait partie de la 5° division (général Compans) du 1° corps (maréchal Davout) de la Grande Armée. Cette division était composée : [25° et 57° RI = 1° brigade (général baron Duppelin) - 51° et 111° RI = 2° brigade]
24 juin 1812 - [Le 25°] franchit le Niémen avec le 1° corps sans opposition de la part des Russes.
25 juin 1812 - Le 1° corps s'avance jusque'à Zismoty, traversant un pays difficile.
27 juin 1812 - On atteint Jewe, qui se trouve à une forte journée de Wilna, où la 5° division entre le lendemain, à la suite de la cavalerie de Murat.
30 juin au soir - Napoléon fait partir le maréchal Davout avec la division Compans pour se porter à la suite du général Pajol sur la route d'Ockmania afin de faire sur la droite un mouvement tournant sur l'armée de Bagration et lui couper la retraite qu'il opérait sur Minsk.
8 juillet 1812 - Le 25° formant l'avant-garde de la colonne de Davout a l'honneur d'entrer le premier dans Minsk, d'où il expulse les Cosaques laissés par l'ennemi dans le but d'incendier les magasins de la ville. 3.600 quintaux de farine, 300 quintaux de gruau, 22.000 boisseaux d'avoine tombent entre ses mains. Le 25° est cité pour ce fait d'armes dans le Bulletin de la Grande Armée. Le maréchal Davout attendit à Minsk jusqu'au 12, n'osant pas se porter au-delà avec les deux divisions Compans et Desaix. Il apprit que le prince Jérôme était à Nesurj ; il partit avec les forces dont il disposait pour Ighoumen ; se dirigea sur Bobruisk, forteresse défensant la Bérézina, où il espérait, avec le concours du prince Jérôme, attendre l'armée de Bagration.
17 juillet 1812 - Ce mouvement combiné n'ayant pas réussi, Davout se décide à marcher sur Mohilew afin d'obliger l'ennemi à passer le Dnieper en-dessous de cette place, et de retarder le plus possible sa jonction avec Barclay de Tolly
20 juillet 1812 - Les divisions Compans, Desaix et Claparède entrent dans Mohilew, y précédant l'armée russe.
23 juillet 1812 - Dans le combat de Mohilew Bagration essaya d'enlever la position de vive force. Le 25°, détaché de la division Compans, est chargé, avec la cavaleire du général Pajol, de couvrir la route d'Ighoumen par Pogosk dans le cas où une partie de l'armée russe tenterait de s'y présenter pour tourner la position de Mohilew.
16 août 1812 - Les 5 divisions de Davout réunies à leur chef arrivent devant Smolensk où s'était renfermée l'armée russe, décidée à faire acheter chèrement le prix de la victoire. À gauche contre le Dnieper, vis-à-vis des faubourgs de Krasnoë se trouvaient les trois divisions de Ney ; au centre vis-à-vis des faubourgs de Micislaw et de Roslawl, les 5 divisions de Davout ; et à droite les Polonais de Poniatowski.
17 août 1812 - Le corps de Davout, choisi pour l'attaque principale, aborde avec la division Morand par la route de Malakofskia, de façon à séparer les 2 faubourgs. La division Gudin, de son côté, attaque les premières maisons de Micislaw pendant que la division Compans appuie la première attaque de Morand et refoule les Russes qui, rejetés à la pointe des baïonnettes jusque dans les fossés de Smolensk, fusillés ensuite à bout portant, ne trouvent, pour rentrer en ville, que quelques issues pratiquées dans l'enceinte. Après six heures de terrible lutte, le combat cesa et Davout prit ses dispositions pour enlever la ville le lendemain matin. Mais, dans la nuit, les Russes se retirèrent, mettant volontairement le feu aux monuments que nos obus avaient épargnés.
23 août 1812 - Davout, avec ses cinq divisions, reçoit la mission de suivre l'ennemi dans la retraite et de seconder la cavalerie de Murat.
Après avoir occupé Solowiesso, au bord du Dnieper, et soutenu quelques combats d'arrière-garde, il se porte sur Dorogobouge, où l'ennemi semblait l'attendre pour engager une action décisive.
28 août 1812 - Mais les Russes se replient sur Wiasma, qu'ils abandonnent sans combat, et dans laquelle entre l'avant-garde (division Compans), qui n'a d'autre mission que d'éteindre les incendies et rétablir les ponts détruits par l'ennemi.
30 août 1812 - Après une vive discussion entre le méréchal Davout et le roi de Naples, Napoléon fait passer momentanément la division Compans sous les ordres de Murat pendant tout le temps qu'elle ferait partie de l'avant-garde.
5 septembre 1812 - Prise de la redoute de Schwardino - Partie de Gridewe, l'avant-garde se met en marche sur Borodino, lieu destiné à devenir le tombeau de tant de héros !
Au moment où Napoléon arrivait pour inspecter le champ de bataille qu'il cherchait depuis le passage du Niémen, l'arrière-garde russe venait de se replier sur un manchon à droite de la Kolocza, et flanqué d'une redoute qu'il voulait prendre le lendemain. Il avait sous la main la cavalerie de Murat et la division Compans. Napoléon fit appeler Murat et Compans et leur ordonna d'emporter immédiatement cette redoute, qu'on appelait la redoute de Schwardino. Murat avec sa cavalerie, Compans avec son infanterie, avaient déjà passé la Kolocza et se trouvaient à droite de la plaine. Les escadrons de Murat forcèrent la cavalerie russe à se retirer, et nettoyèrent ainsi le terrain sur les pas de notre infanterie. Compans plaça ses pièces de 12 sur un petit monticule faisant face à la redoute.
Après une canonnade assez vive, le général Compans déploya les 57° et 61° de ligne à droite, les 25° et 111° à gauche. Il fallait dscendre d'abord dans un petit ravin, puis remonter la côte opposée sur laquelle la redoute était construite, et non eulement enlever cette redoute, mais culbuter l'infanterie russe qui était rangée en bataille de l'un et de l'autre côtés.
Le général Compans, dirigeant lui-même les 57° et 61°, confiant au général Duppelin les 25° et 111°, donna l'ordre de franchir le ravin. Les troupes s'avancèrent avec promptitude et aplomb sous un feu des plus vifs. Couvertes dans le fond du ravin, elles essaient de l'être en s'élevant sur la côte que couronnait la redoute. Parvenues sur le sommet de cette côte, elles échangèrent avec l'infanterie russe, pendant quelques instants et à très petite portée, un jeu de mousqueterie extrêmement meurtrier. Le 57°, lancé au pas de charge, renversa la ligne ennemie qui lui était opposée. Son exemple fut suivi par le 61° qui était à ses côtés. À la gauche, les 25° et 111° en ayant fait autant, la redoute se trouva débordée par ce double mouvement. Les canonniers russes furent presque tous tués sur leurs pièces.
Ce combat, court et glorieux, dans lequel 4 à 5.000 hommes succombèrent de notre côté, nous ayant rendus maîtres de toute la plaine à droite de la Kolocza, Napoléon put y établir l'armée.
7 septembre 1812 - Bataille de la Moskowa - Dans cette sanglante journée, les divisions Compans et Desaix, placées sous les ordres mêmes de Davout, eurent pour mission d'attaquer en flanc, par la lisière des bois, le second monticule et les trois flèches que les Russes avaient construits sur la gauche de leur ligne, pendant que Ney devait les attaquer de front avec deux de ses divisions. À trois heures du matin, le mouvement des troupes commença dans le plus profond silence, aidé par un brouillard épais qui masquait aux yeux de l'ennemi les dispositions prises de notre côté. Vers 5 heures ½ du matin, un coup de canon tiré de la batterie de droite fut le signal de l'attaque. Un bruit effroyable succéda au silence le plus profond : la bataille était engagée ! Cent vingt bouches à feu tiraient sur les ouvrages des Russes pendant que Ney et Davout s'en approchaient. Celui-ci, précédé de trente pièces d'artillerie, marchait à la tête de ses divisions et longeait les bois situés sur l'extrême droite de notre ligne. Arrivé à leur lisière par des chemins difficiles, il s'était approché de celle des trois flèches qui était la plus à droite, afin de la prendre par côté et de l'enlever brusquement. Après avoir éloigné les tirailleurs ennemis en faisant avancer les siens, il avait formé la division Compans en colonnes d'attaque, et laissé la division Desaix en réserve pour garder son flanc droit et ses derières. À peine la division Compans se trouve-t-elle en présence de l'ennemi, qu'un feu horrible parti des trois flèches et des lignes de grandiers Woronzoff l'accueillit subitement. Le brave général Compans est renversé par un biscaïen. Les troupes, sans être arrêtées, restent un moment sans direction. Le maréchal, les voyant indécises et apprenant pourquoi, accourt pour remplacer le général Compans, et pousse le 57° sur la flèche de droite. Ce régiment, suivi du 25°, y entre baïonnette baissée et tue les canonniers russes sur leurs pièces. Au même instant, un boulet vient frapper le cheval du maréchal Davout et fait une forte contusion au maréchal qui perd connaissance.
De son côté, Ney venait d'entrer avec le 24° léger dans cet ouvrage, que les 57° et 25° avaient peine à conserver en présence des grenadiers Woronzoff. Ce fut une épouvantable mêlée, car Bagration, opposé aux deux maréchaux Ney et Davout, se voyant menacé, avait envoyé chercher de nombreux renforts pour arracher aux divisions françaises le prix de leur conquête.
Il tenta les plus grands efforts pour reprendre ces flèches aux divisions Compans et Ledru (3° corps). On ne se battait plus dans les ouvrages disputés, trop étroits pour servir de champs de bataille, mais à droite et à gauche, en avant, employant tantôt les feux de mousqueterie tantôt les charges à la baïonnette. Ney prend alors le commandement des divisions Compans et Desaix, que Davout, malgré sa persistance de rester au feu, ne pouvait plus conduire. Il les porte sur la droite, tâchant d'étendre la main vers le prince Poniatowski qui s'avançait pour déborder l'aile gauche ennemie par les bois d'Outitza. La 5° division seconde ces magnifiques charges de cavalerie des cuirassiers de Nansouty en repoussant la cavalerie ennemie toutes les fois qu'elle se présente devant elle.
Rapp, envoyé par Napoléon pour remplacer le général Compans, reçoit quatre blessures. Le général Desaix quitte ses propres troupes pour le remplacer et tombe frappé à son tour.
C'est dans la position qu'elle occupe de 10 heures du matin à 3 heures du soir que la 5° division voit l'ennemi se retirer, sous la mitraille de 300 bouches à feu, dans la direction de Psarewo. La route de Moscou était libre.
14 septembre 1812 - L'armée française campe sous les murs de Moscou. La situation de ce jour porte au 25° :
Colonel Dunesme ;
1° bataillon : commandant Lalande, à l'effectif de 38 officiers et 287 hommes
2° bataillon : commandant Gidoux, à l'effectif de 8 officiers et 243 hommes
3° bataillon : commandant Galand, à l'effectif de 8 officiers et 312 hommes
4° bataillon : commandant Paquet, à l'effectif de 16 officiers et 355 hommes
6° bataillon : commandant Laboute, à l'effectif de 11 officiers et 354 hommes
19 octobre 1812 - Après trente-cinq jours de séjour à Moscou, les corps du prince Eugène, de Davout et de Ney prennent la route de Kalouga, par Gorki, Fominskoë et Ignatawo, pour éviter l'armée russe qui nous attendait sur la vieille route de Smolensk au camp de Taroulino.
23 octobre 1812 - Averti, Kutusof essaye d'arrêter ce mouvement en se portant sur Malo-Iaroslawetz.
Les troupes du prince Eugène, après un combat acharné, restent maîtresses de la situation, s'attendant le lendemain à une nouvelle attaque. L'arrivée des divisions Compans et Girard fait perdre aux Russes l'espoir de nous déloger ; ils se retirent en laissant Malo-Iaroslawetz avec tous les cadavres broyés par les roues dea caons ou calcinés par le feu qu'ils avaient mis à la ville en l'évacuant.
26 octobre 1812 - On prend décidément la route de Smolensk laissée libre par la bataille de l'avant-veille. Le corps de Davout est choisi pour remplir le rôle difficile et périlleux de l'arrière-garde [...]
29 octobre 1812 - [Il] arrive à Mojaïsk et bivouaque sur le champ de bataille de Borodino.
31 octobre 1812 - [Il] quitte son bivouac pour aller camper à moitié chemin de Ghat.
3 novembre 1812 - L'arrière-garde se trouve en présence de Miloradowitch, qui cherche à couper la ligne de retraite à Davout avant que celui-ci ne puisse netrer dans Viazma. L'attitude de ces cinq divisions exténuées par une retraite de quinze jours, tient encore en respect l'armée russe et peut se retirer en se reployant par échelons et en ordre parfait.
Le 25 , suivant son habitude, rendit dans cette triste journée des services signalés et entra le dernier dans Viazma, après avoir repoussé à la baïonnette les attaques furieuses d'un ennemi voyant échapper une proie qui devait lui appartenir.
Dans ces jours de fatigues, de privations, de combats incessants, le 1° corps avait perdu la moitié de son effectif ; il fut remplacé dans sa pénible mission par le corps de Ney.
11 novembre 1812 - Le 25°, avec le 1° corps, entre à Smolensk où il reste jusqu'au 16.
17 novembre 1812 - Avant d'arriver à Krasnoë, Davout, qui suivait le prince Eugène à une journée de marche, trouva l'armée de Kutusof en arrière du défilé de Lossmina, prête à lui barrer le passage. Un peu avant le jour, il fit avancer ses quatre divisions, les forma en colonnes serrées, et enjoignit à ses troupes de fondre à la baïonnette sur l'ennemi, et de s'ouvrir lz chemin par un combat corps à corps.
Les quatre divisions fondirent sur l'ennemi en colonnes serrées. Les troupes de Miloradowitch les accueillirent par une forte fusillade ; mais, intimidées par leur élan, n'attendirent pas la charge à la baïonnette et se retirèrent sur le côté de la route. La 5° division arriva ainsi presque sans dommage jusqu'au bord du ravin de Lossmina, où la Garde les attendait. Mais le temps pressait et la route d'Orscha allait être coupée par le général Tormazoff. Napoléon donna l'ordre à la Garde de partir et lui adjoignit la 5° division pour compenser les pertes qu'elle avait subies dans la journée.
19 novembre 1812 - [Le 25°] arrive à Orscha.
31 novembre 1812 - [Le 25° arrive] à Kokanow, où Napoléon apprend que le seul pont qui lui restait pour passer la Bérézina à Borivow venait d'être pris par les Russes.
26 novembre 1812 - [Le 25°] passe avec la Garde et la division Compans le pont de chevalet établi sur la Bérézina à Studianka. Dans la journée du 28, le 25° est placé à la réserve et assiste sans y prendre part à la lutte qui se passait entre les deux rives de la Bérézina.
À partir de ce jour, le 25° cesse de combattre. La division Compans qui, pendant toute cette terrible campagne, n'avait cessé de prodiguer les plus nobles exemples de courage et d'abnégation, est décimé par le froid et les maladies. Ceux qui ont encore la force de suivre se débandent pour pourvoir à leur nourriture ; les autres, exténués de fatigue et de faim, tombent sur la route où ils trouvent la mort.
Après le départ de Napoléon, Murat assigna sur la Vistule différentes places où devaient se rallier les débris des corps d'armée. Thorn fut la ville assignée pour le 1° corps.
Janvier 1813 - Après être resté quelques jours à Königsberg, pressés par l'ennemi, Ney et Davout se retirent.
Les débris du 25°, qui avaient pu se reformer à Königsberg arrivent le 15 janvier à Wraclaweck, le 20 janvier à Thorn ; le 24 quittent cette place pour se diriger sur Posen et, de là, sur Stettin. Ce qui restait d'hommes ne permit de former que deux compagnies. Les cadres des autres bataillons sont envoyés en Allemagne et au-delà du Rhin. Le 2° bataillon s'organise à Erfürth.
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Un grand merci à Alain Barrault de l'entraide généalogique pour ces informations